Dans le cadre des festivités de la tenue de la 2e édition du Festival lumière sur le patrimoine historique et culturel de Kabylie, la commune de Beni-Yenni, située à 35 km au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, a rendu, hier et avant-hier un vibrant hommage à son enfant prodige, le chanteur Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet. L' hommage a été organisé en présence d'une pléiade d'artistes de la chanson kabyle moderne tels que Kamel Hamadi, Ali Meziane, Djaffar Aït Menguellet, Zayen, Karim Abranis et Kamel Tarwiht et l'animateur de la Chaîne Berbère TV. Ainsi, cet évènement grandiose a été rehaussé par la présence de certains élus de l'Assemblée populaire de wilaya, à leur tête le P/APW, Hocine Harfoun. C'est dans une ambiance très festive et très conviviale que s'est déroulé l'hommage qui a été rendu à l'auteur de la chanson «Avava Inouva» au niveau de sa commune natale. Dès son arrivée jeudi dernier aux environs de19heures, un accueil très chaleureux lui a été réservé par la population des Ath-Yenni. Une cérémonie d'accueil qui a été embellie par les autorités locales, à leur tête le P/APC, Deghoul Smaïl, et les représentants de la société civile de la région. A cette occasion, l'icône de la chanson kabyle moderne, Idir a réitéré son refus de se produire en Algérie tant que la langue amazigh n'est pas encore officialisée par la Constitution algérienne. «Je ne peux pas chanter ici parce que ma culture et ma langue ne sont pas encore reconnues officiellement». Dans le même sillage, il a cité l'exemple du pays voisin qui est le Maroc qui a statué sur l'identité amazigh. «Au moment où j'ai su que le Maroc a reconnu cette officialisation, j'ai été profondément blessé, alors que si mon identité était officialisée, j'aurais le droit de m'exprimer au même titre que les autres. Certes, j'aime mon pays, mais il faut que mon droit soit reconnu, qui est l'officialisation de tamazight pour retrouver mon public». Ainsi, il a affirmé qu'il est prêt à se produire en Algérie une fois que cette question identitaire est reconnue. «Je veux être entier et libre. Il n'y a aucune raison à ce qu'ils ne m'accordent pas ce que je demande». Avant d'enchaîner : «A chaque fois que me propose d'animer des spectacles musicaux dans mon pays, il y a toujours des choses qui me déplaisent. Je veux chanter indépendamment, sans aucune contrainte hiérarchique», a-t-il fait savoir à la presse locale. Ainsi, l'auteur du tube planétaire Avava Inouva qui a été diffusé dans 77 pays et traduit en 15 langues n'a pas manqué d'exprimer sa jouissance d'être parmi les siens après de longues années d'absence. «Je suis très honoré d'être parmi la population de ma région et de les retrouver. Je dirai que c'est un hommage un peu particulier par rapport aux autres, pour la simple raison que je suis entouré par les citoyens de ma commune natale», a-t-il lancé avec un sourire. Le nouvel album Izouran est prévu pour mars 2016 L'hôte de la commune de Beni-Yenni a annoncé que la sortie de son nouvel album intitulé : «Izouran» (Les racines) est prévue pour le mois de mars prochain. «Cet album qui est actuellement en phase de préparation verra la participation de plusieurs artistes de la chanson française, à citer Charles Aznavour qui devra interpréter la Bohème, Maxime le Forestier, Francis Cabrel, Patrick Bruel. «Mon objectif est de réussir cet album et d'être aux attentes de mon public». Notons que cette louable initiative a été organisée par l'Assemblée populaire communale de Beni-Yenni en collaboration avec l'Association culturelle Talwit. Lors de son intervention, le chanteur Kamel Hamadi est revenu longuement sur le parcours musical très honorable qu'a mené son ami Idir. «C'est un grand homme dont la modestie ne reflète pas la grandeur. C'est un homme simple et aimé par tout le monde. Il a fait rayonner la chanson kabyle dans le monde entier. Que Dieu lui prête vie», a-t-il témoigné. De son côté, l'animateur de Berbère TV, Kamel Tarwihat, a affirmé que c'est grâce à Idir que la chanson kabyle est connue à l'échelle internationale. «C'est l'ambassadeur de la chanson kabyle à l'étranger. La communauté française accorde un grand respect à ce monument de la chanson kabyle. Pour preuve : les autorités locales de la ville de Brest ont décidé de remettre les clés de leur ville à Idir. Ceci dit, cet homme de grande valeur jouit d'un grand respect en France et dans le monde entier». Il est à préciser qu'un riche programme a eu lieu durant ces deux jours de l'hommage au niveau du CEM Larbi- Mezani sis au chef-lieu de la localité des Ath-Yenni. Des conférences-débats ayant pour thèmes l'identité amazigh, l'état des lieux de la musique berbère, plus particulièrement kabyle et les méthodes à mettre en place pour encourager son internationalisation. En outre, le chanteur Idir s'est recueilli sur la tombe du père de la renaissance identitaire et monument de la culture universelle, Mouloud Mammeri, où il a déposé une gerbe de fleurs à sa mémoire, suivi d'une minute de silence et de la lecture de la Fatiha.