La pénurie de ce produit anesthésique, le protoxyde d'azote, persiste, au point d'entraîner la réduction de l'activité opératoire, renvoyant ainsi les patients retenus dans le programme opératoire à un autre rendez-vous sans date précise. Les hôpitaux de l'intérieur souffrent encore plus, notamment ceux de la wilaya de Chlef et de Béjaïa, où des professionnels de la santé n'ont pas arrêté de dénoncer le manque de protoxyde d'azote, à tel point que les programmes des interventions chirurgicales avaient été gelés. Les hôpitaux de la capitale, quant à eux, continuent de s'approvisionner des stocks encore disponibles. Contactés par nos soins, les responsables des centres hospitalo-universitaires d'Alger affirment qu'aucune pénurie n'est ressentie pour le moment : "Aucune carence de ce produit n'a été signalée" ont-ils affirmé. Ces derniers assurent que "tous les produits d'anesthésie sont disponibles dans les hôpitaux publics et aucun manque ne nous a été signalé ces derniers temps, car ce sont des produits vitaux pour le secteur de la santé publique". Il y a lieu de rappeler que le protoxyde d'azote est le gaz fourni aux hôpitaux par l'ex-Entreprise nationale des gaz (ENAG), implantée à Bouira, et que ce même gaz a connu une série de pénuries l'année dernière. L'acquisition de l'entreprise par un groupe allemand auprès d'un propriétaire algérien a été à l'origine des fréquentes pénuries en ce gaz indispensable. Il faut savoir que le protoxyde d'azote (N2O), appelé également gaz hilarant, a de nombreuses applications, notamment en chirurgie, pour ses effets anesthésiants. Il est tout de même classé comme polluant par le protocole de Kyoto, et c'est le quatrième plus important gaz à effet de serre à contribuer au réchauffement de la planète après la vapeur d'eau. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, avait annoncé récemment le projet de nationalisation de l'entreprise pour en finir avec les pénuries de protoxyde d'azote. Dans le but de mettre fin aux ruptures en matière d'approvisionnement en gaz à usage médical que connaissent les établissements hospitaliers, le ministre s'est engagé en effet le 20 mars dernier, lors d'une rencontre avec les directeurs de wilaya de la Santé publique et les gestionnaires des établissements hospitaliers, à nationaliser la société allemande qui détenait le monopole de fabrication et d'approvisionnement en gaz des structures sanitaires à travers le territoire national. Cette initiative est dictée, selon le ministre, par l'indispensabilité de l'usine qui constitue la seule source d'approvisionnement à toutes ces structures de santé. Selon des sources bien informées, le ministère de la tutelle négocie encore les services de cette entreprise allemande, qui essaye de mettre les structures hospitalières dans une situation difficile. Affaire à suivre.