Pour le FCE, le défi majeur de l'Algérie tient dans la nécessité de diversifier son économie, mais aussi dans celle de sortir rapidement de sa dépendance externe. Cependant, il ne s'agit pas d'en sortir par un repli sur soi mais en engageant des réformes courageuses et déterminées qui assureront le développement à long terme de l'économie nationale. Afin de percevoir correctement les enjeux liés à cette problématique (diversification), le FCE a présenté hier, lors de la tenue de la 4e journée de l'entreprise algérienne à Alger, «une étude-contribution au débat national sur les réformes structurelles», réalisée par le Pr Boklia Rafik, enseignant à l'université d'Oran. Celle-ci s'adressera d'abord aux pouvoirs publics pour la construction d'une vision globale, cohérente et consensuelle autour des grandes questions de l'évolution de notre économie. Après avoir établi un «diagnostic structurel», l'étude en question indique que «la direction des transformations structurelles de l'Algérie n'est pas en ligne avec les trajectoires observées dans les pays émergents». «Les transformations structurelles n'ont pas contribué à améliorer la productivité globale de l'économie», a expliqué Rafik Bouklia. Et d'ajouter que «l'industrie n'est pas en ligne par rapport aux normes d'industrialisation». «Même parmi les pays pétroliers, l'Algérie reste l'une des économies les plus concentrées sur les hydrocarbures. Le cap d'industrialisation par rapport à la norme d'industrialisation des pays pétroliers peut être évalué à 3 à 4% du PIB», alors que dans la région MENA, ce taux avoisine les 10%. L'autre «drame» de l'économie algérienne, selon cet expert, a trait à la dégradation du taux de couverture du marché intérieur par la production nationale. Là, les conclusions tirées montrent que les importations croissent constamment plus vite que le PIB depuis au moins quinze années (en volume ou en valeur). «Paradoxe !» regrette le conférencier. Et comme un malheur ne vient jamais seul, ce même taux de couverture a connu une baisse continue de 2000 à nos jours. «Cette dégradation a touché tous les secteurs industriels, hormis l'activité des mines. Les dégradations les plus importantes concernent notamment les industries manufacturières», révèle plus loin cette étude. En chiffres, le taux de couverture du marché par la production nationale a baissé pour les matériaux de construction (70,9% en 2000 contre 60% en 2014). Pour ce qui est des industries de textiles, bonneterie, confection, ce taux a dépassé les 75% en 2000 contre 38,2% en 2014. Pourtant florissante, même l'industrie agroalimentaire (IAA) est concernée par cette baisse. Le taux de couverture du marché par la production nationale dans le segment IAA était de l'ordre de 83% en 2000 contre 67,9% en 2014. Exportations : le maillon faible ! Les exportations constituent l'autre maillon faible de l'économie nationale. En sus de l'insignifiance du volume des exportations hors hydrocarbures en termes de probabilité de survie, un produit a 32% de chances seulement d'être exporté au-delà d'une année (60% au Maroc). «Un produit a moins de17% de chances d'être exporté au-delà de deux ans. En moyenne, un produit a une durée de vie à l'exportation de 1.7 année», a précisé M.Bouklia. En guise de conclusion, l'étude soutient que les politiques économiques mises en œuvre ont induit des changements structurels qui ont entraîné un déclin de l'agriculture sans pour autant conduire à l'émergence d'un large secteur industriel moderne. «Cette orientation des changements structurels a eu plusieurs conséquences», estime la même source. Le président du FCE a indiqué que «la perspective d'une économie algérienne émergente exige que l'on prenne à bras-le-corps les problèmes structurels de notre système d'organisation et que l'on commence à leur administrer un traitement sur le fond». Par ailleurs, le débat qui a suivi la présentation de cette étude qui a, à vrai dire, emboîté le pas au plaidoyer du FCE, a donné lieu à plusieurs recommandations. A titre d'exemple, en termes de stabilisation du cadre macro-économique, le FCE a appelé à plus de coordination des politiques macroéconomiques entre elles (la politique monétaire et de change de la Banque d'Algérie et la politique budgétaire du ministère des Finances) et entre les politiques macroéconomiques et les politiques industrielles et commerciales. En termes de «politiques transversales», il a été fortement recommandé de réserver la règle 49/51% aux secteurs stratégiques clairement désignés, et appuyer le développement des IDE (avec ou sans partenaire local) dans les filières prioritaires. S'agissant de la politique sectorielle à mener, le FCE a suggéré «d'exploiter avantageusement, d'une part, la dotation du pays en ressources naturelles (notamment les hydrocarbures et le phosphate) et, d'autre part, la compétitivité du coût salarial unitaire dans l'industrie manufacturière nationale». «L'incitation au développement du partenariat dans les filières ciblées et l'accélération de la réalisation des projets en cours» ont été également recommandées.