Samedi dernier, nous brocardions ici même «Les délires occidentaux des vendredis 13». Bien entendu, le papier ayant été écrit la veille, nous étions loin d'imaginer que l'obscurantisme allait frapper Paris, ville lumière, en plein cœur ! Aussi, aujourd'hui, loin de toute prémonition du genre, l'on reprend la plume pour dire que Dieu n'a pas besoin de milices pour que des tarés, des handicapés du bulbe attaquent la vie et le vivre-ensemble que notre religion prône à tout jamais. De plus, ces sombres illuminés, shootés aux amphétamines, savent-ils que l'attaque-suicide, l'une de leurs armes favorites, est condamnée par le Coran ? Décidément, Malek Chebel a eu raison d'affirmer que pour comprendre le Coran, il faut au minimum un Bac+7. Y a de la marge chez les rachitiques du bulbe qui ont réintroduit la peur en Europe. Nous l'avions éprouvée, cette peur, en Algérie, durant la décennie noire. Egoïste mais humaine, cette peur dicte souvent le repliement sur soi, la haine de l'autre… La France, ciblée à cause de ses diversités, saura-t-elle éviter l'écueil tendu par ces malotrus à peine poilus ? Les Français, de souche, de naissance ou de simple adoption, vivront-ils ensemble, à l'unisson ou à côté des uns et des autres ? C'est un effet papillon qui va se perpétuer en amalgames, chasses à l'homme, procès d'opinions et délits de faciès. Des esprits binaires ont déjà commencé à faire parler d'eux à Marseille, Brest ou Reims. Nos cousins de là-bas font profil bas et se dédouanent, comme ils peuvent, des Abou Omar El Biljiki and Co… Meurtris, entamés, rétamés, tous les Européens d'origine maghrébine espèrent que les fêtards, noceurs de jour et de nuit, reprendront au plus vite les chemins escarpés menant aux salles de concert, aux boîtes de nuit, aux bistrots, bref aux lieux de vie. Et pour ça, on peut leur fait confiance. Théophile Gautier, poète, romancier et critique d'art n'écrivait-il pas en 1871 : «Si Paris s'éteignait, les milliers d'étoiles du firmament ne remplaceraient pas cette lumière unique qui seule peut faire le jour au milieu de la nuit» ? Eh, oui ! ils tiennent à leur unique lumière au beau milieu de la nuit. Ecouter de la musique au Bataclan ou ailleurs, danser en boîte, dîner sur les terrasses des restaurants et se prendre à nouveau pour les rois du foot au Parc des Princes, ça les connaît. Seul bémol, désormais, c'est avec des prudences de biches assombries et ébréchées qu'ils suspecteront un faciès bronzé, une «cow-girl» de quartier potentielle kamikaze, un bruit de pétard idiot tout en redoutant la tonsure des barbus et des pelés salafistes. Ces derniers, manque de pot (…), n'aiment pas les métissages bigarrés, chaloupés que renvoie la vitrine des Pierre, Paul, Jacques ou Jacqueline concubins, pacsés ou mariés aux Ahmed, Aïcha, Hamid ou Azzedine. Eh oui, ils sont comme ça, en face. Ils prennent des pots, arrosent leurs convictions et rient aux bêtises des politiques et aux vannes des comiques. Dans la nuit festive et légèrement ivre de cette liberté de vie, ils aiment vivre ! Et l'état d'urgence post-attentats, qui actualise la loi de 1955, n'est nullement assimilé à un état de psychose. Et blague à part, quand l'Eric Zemmour suggère, pince-sans-rire, le bombardement de Molenbeek-Saint-Jean plutôt que Raqqa en Syrie, on se dit que les moules-frites belges vont bientôt élire domicile au Maroc… Quant au Bamako d'hier, il vient juste nous rappeler que le GIGN français était déjà en «pèlerinage» à La Mecque en 1979 avant des ablutions en 1976 à Djibouti. Après ça, que les Algériens, exfiltrés de l'hôtel à temps, aillent prendre un pot à la santé de ceux qui n'en ont pas eu…