La délivrance des documents d'état civil et du passeport biométrique dans les consulats d'Algérie en France n'est pas une mince affaire. Nos ressortissants n'ont cessé de dénoncer, il y a quelques mois, une situation déplorable due à une bureaucratie étouffante couplée à l'arrogance de certains préposés à l'accueil. Des témoignages accablants nous sont parvenus de l'association «Algériens des deux rives et leurs amis» (Adra). Pourtant, cette semaine, l'ambassadeur d'Algérie en France semblait, lors d'un point de presse, satisfait des prestations des services consulaires. Un discours qui n'a pas échappé à l'association Adra qui regrette «le décalage entre les propos de l'ambassadeur et la réalité du terrain». L'ambassadeur, Amar Bendjama, a reconnu que seuls deux postes consulaires, à savoir ceux de Vitry et de Grenoble, connaissent des problèmes «entassés depuis quelques années», se rattrapant juste après en estimant que «de gros efforts ont été consentis». Le premier représentant de l'Algérie en France a ensuite, sans trop s'étaler sur ces «problèmes», annoncé que plus d'un million de dossiers pour l'obtention d'un document de voyage sur les 1 868 210 Algériens immatriculés en France ont été enrôlés depuis le lancement de cette opération en janvier 2013. De son côté l'association Adra, destinataire d'une série de plaintes, ne perd pas le Nord et écrit dans l'un de ses communiqués que «les consulats d'Algérie sont les lieux les plus dangereux, surtout pour les Algériennes». Joint par téléphone, le président de cette association, Yougourthen Ayad, confirme : «Ces violences se produisent presque quotidiennement. Nos concitoyens sont victimes de séquestrations, confiscation de passeport, de téléphone, de violences verbales, d'insultes, d'intimidations et de menaces», soutient-il. Et d'ajouter : «C'est vous dire ce que subissent nos ressortissants dans la majorité des consulats». Mais pour l'ambassadeur d'Algérie en France, «la machine tourne, et tourne plutôt bien». Il citera, pour appuyer son constat, l'exemple des consulats de Toulouse (80% d'enrôlement), Strasbourg (83%), Bobigny (70%) et Lyon (52%). «Accablée» par le mutisme des autorités Amar Bendjama soulignera que les postes consulaires ont simplifié le dossier constitutif. La carte de groupage sanguin n'est, par exemple, plus exigée puisqu'une simple déclaration sur l'honneur peut remplacer ce document. Selon lui, des efforts sont «régulièrement» déployés pour satisfaire les demandeurs de passeport biométrique et autre document d'état civil. Là encore, l'association Adra se révolte et nous déclare que «les guichets sont toujours pleins de monde et les citoyens obligés de se lever très tôt pour parcourir jusqu'à 200 kilomètres pour le dépôt de leur dossier». Pour Yougourthen Ayad, «les députés de la communauté algérienne doivent dénoncer vigoureusement ces agressions et intervenir une bonne fois pour toute pour éviter à nos compatriotes de subir toutes sortes d'humiliations dans ces consulats, au risque que l'irréparable ne se produise».