Le dossier du vieux bâti de l'ancienne ville de Bouira peine à connaître son épilogue. La décision d'éradiquer des dizaines de haouchs dont la construction remonte à l'époque coloniale et qui menacent ruine n'a pas été menée à bout par les pouvoirs publics qui se disaient pourtant déterminés à en finir avec ce problème il y a quelques années. Les rencontres avec les propriétaires, locataires et commerçants avec l'ancien wali, Ali Bouguerra, n'ont pas connu de suite. Cette situation a contraint des dizaines de familles à habiter ces taudis dépourvus de commodités. Plusieurs familles des haouchs, dont la majorité sont des locataires, ont eu la chance de figurer sur la liste de bénéficiaires de logements sociaux rendue publique en août 2014. D'autres y vivent encore. L'éradication des vieilles maisons a buté sur des contraintes liées à l'opposition de certains héritiers. Ainsi, le problème des commerçants a été posé à maintes reprises sans qu'une issue favorable ne soit trouvée. Ces derniers qui sont en majorité des locataires avaient demandé que les autorités locales les prennent en charge pour pouvoir évacuer les lieux et permettre au projet du grand boulevard reliant Sayeh à la RN5 de se concrétiser. La question demeure à ce jour suspendue. Ces trois dernières années, les autorités locales ne semblent guère intéressées par ce dossier. Après un engagement de leur part de reloger l'ensemble des familles, ce qui permettra la démolition des haouchs et une reconfiguration urbaine de l'ancienne ville, la liste des bénéficiaires de 2014 a fait beaucoup de mécontents. Plusieurs mouvements de protestation ont été enregistrés durant les mois qui ont suivi. Les centaines de recours introduits au niveau de la commission de la daïra n'ont pas pu convaincre les autorités à revoir leur copie. Le calvaire des familles s'était inscrit encore une fois dans la durée. Il nous a été donné de constater, lors des virées dans ces haouchs, les conditions qui frôlent l'inhumain dans lesquelles vivent des dizaines de familles. Des taudis qui n'ont pour toit que de la tôle et du zinc. En hiver, les choses se corsent davantage. Les eaux de pluie s'y infiltrent. Un véritable bidonville au cœur même du chef-lieu de wilaya. Certains propriétaires héritiers des haouchs n'ayant pas les moyens pour l'auto-construction, se trouvent dans un dilemme. Pourtant, l'administration s'est engagée à reloger les familles propriétaires qui accepteraient de céder les assiettes de terrain. Mais l'accord n'a pas tardé à tomber à l'eau. Le visiteur de l'ancienne ville de Bouira constatera facilement les conditions de vie de ces familles et surtout le danger permanent qui les guette. Car plusieurs bâtisses ont été déclarées menaçant ruine par les services du CTC. Les appels de détresse des familles qui habitent encore ces taudis n'ont pas encore été entendus par les responsables locaux. Faut-il attendre que l'irréparable se produise pour intervenir ? Le sort réservé à la famille Hidra doit fait réagir les autorités. Les neuf membres de cette famille sont locataires d'un haouch. Pour libérer les lieux, le propriétaire les a poursuivis en justice. Le verdict a été rendu en faveur de ce dernier. L'exécution de la décision de justice a été faite par la force publique le 22 novembre dernier. Hommes et femmes ont été expulsés manu militari. Une femme enceinte a été d'ailleurs évacuée au service des urgences. En attendant une suite favorable à leur demande de logement, les membres de cette famille sont actuellement SDF. Ils ont demandé à rencontrer les responsables locaux, en vain. De notre correspondant à Bouira