La gestion des déchets conduit à des rejets de polluants potentiellement toxiques au même titre que l'industrie, le transport, et plus généralement l'ensemble des activités humaines. Les polluants émis dans le milieu entrent en contact avec l'homme et transmettent leur nocivité de façons diverses (cf. schéma suivant). Ces polluants peuvent être transmis soit par voie directe - ingestion, inhalation et contacts cutanés avec les polluants - soit par voie indirecte, c'est-à-dire par l'intermédiaire de médias qui ont été pollués par transfert à partir du sol ou de l'eau. Ainsi, dans le cas des dioxines rejetées par les incinérateurs de déchets ménagers, l'exposition indirecte a souvent représenté la source d'exposition principale. La consommation de laitages, viandes et poissons peut représenter 95% du total des apports par le principe d'accumulation et de concentration de ces polluants tout au long de la chaîne alimentaire. Certains polluants peuvent également être diffusés sur de longues distances s'ils sont mobilisés par l'air ou l'eau et contaminer au-delà des sources directes d'émissions. Dans la population générale, certaines catégories se trouvent plus exposées que d'autres du fait de facteurs biologiques ou génétiques, de comportements particuliers ou d'une plus grande vulnérabilité aux substances dangereuses. Les enfants constituent le premier de ces publics à risque, pour plusieurs raisons importantes. Ramenés à leur masse corporelle, leurs besoins en eau, air et aliments sont plus importants que ceux des adultes. En outre, ils possèdent généralement un rapport à l'hygiène plus aléatoire que les adultes, explorent le monde avec leurs mains qu'ils portent fréquemment à la bouche. Les femmes enceintes peuvent également être un groupe à risque, si l'on considère le caractère tératogène de certaines substances comme les composés organochlorés (dioxines, furanes, PCB). Mais ce sont surtout les travailleurs des filières susceptibles de manipuler des substances dangereuses qui sont les plus susceptibles de présenter des expositions régulières aux polluants environnementaux. De manière générale, les polluants qui présentent des caractères de persistance (capacité à rester dans l'environnement sans être altéré) et de bioaccumulation (accumulation dans la chaîne alimentaire) constituent une préoccupation particulière de santé publique. Evaluation des risques et acceptabilité du déchet L'élimination des déchets participe d'un processus de modification de l'environnement par le rejet de polluants, au même titre que d'autres activités, et doit donc être évaluée en termes de risques sanitaires. D'une manière générale, la quantification des expositions, qu'elle s'effectue de manière directe (mesure des doses reçues individuellement) ou indirecte (données à l'échelle collective) est difficile à mettre en œuvre, souvent coûteuse, elle reste imparfaite pour tirer des conclusions quant aux risques qui y sont associés. Elle est pourtant indispensable pour améliorer les connaissances qui permettent d'identifier des risques sanitaires potentiels et éclairer les décisions en matière de gestion des déchets, et plus largement en matière de nuisances environnementales. En présence d'incertitudes, l'attitude qui prévaut est donc une attitude de précaution basée sur l'évaluation des risques sanitaires la plus complète possible. Comprendre et apprendre :une urgence réelle pour mieux gérer les déchets On ne peut que constater la difficulté d'évaluer les risques sanitaires liés à la question des différents modes de gestion des déchets, depuis la collecte jusqu'au traitement. A la diversité des situations s'ajoute la complexité des phénomènes en jeu, le tout dans un champ de connaissances à acquérir encore vaste. Les études sur le sujet (environnementales, d'exposition de la population à certains polluants, épidémiologiques, d'évaluations des risques sanitaires par modélisation) peuvent apporter des éclairages spécifiques, des connaissances et des réflexions nouvelles sur les impacts sanitaires. Elles présentent également beaucoup de limites à prendre en compte dans l'analyse et l'extrapolation des résultats, à l'image de nombreuses études relatives à la santé environnementale. Cependant, l'évaluation environnementale est une démarche désormais obligatoire pour les plans d'élimination des déchets ménagers et assimilés et les plans régionaux d'élimination des déchets industriels spéciaux. Elle précède dans la logique une éventuelle évaluation des risques sanitaires. De manière générale, de nouveaux enjeux liés à l'utilisation économe des ressources naturelles poussent à une meilleure gestion des déchets dont une part toujours plus infime doit être destinée à être stockée ou incinérée, réduisant par là-même les problèmes potentiels de santé publique qui nous sont connus. La croissance démographique, la croissance économique des pays «en développement» et la production de déchets qui est liée à celle-ci, ou la capacité de nos sociétés à découpler la croissance et la production des déchets par la réduction des consommations, le recyclage et la valorisation. Conclusion Il n'existe pas de définition satisfaisante du déchet puisque à défaut de consensus, diverses conceptions existent et parfois s'apposent. Du point de vue environnemental, le déchet est une menace, du point de vue économique il est un gisement potentiel de richesse. Tous les déchets ne représentent pas de danger pour la santé humaine. Ce qui pose problème est bien avant tout, leur gestion. Seuls les déchets toxiques et infectieux nécessitent de sévères précautions de gestion appropriées. Aujourd'hui, malgré que l'Algérie intègre une politique qui consacre les principes de base de gestion écologiquement rationnelle des déchets à travers les dispositions réglementaires mises en œuvre : on constate plus de 50 000 cas de cancer chaque année qui représentent 10% de la population atteinte, 40% de la population est atteinte de maladies cardiovasculaires, plus de 10% de maladies respiratoires… Bien sûr qu'il reste difficile de faire le lien entre l'état de notre environnement et particulièrement celui des déchets et ces maladies, c'est pourquoi des études épidémiologiques doivent être sérieusement lancées. Ainsi, pour identifier et prévenir le risque sanitaire lié à l'environnement, nous proposons qu'un observatoire national de l'environnement soit créé dont la mission principale est de veiller sur la gestion intégrée de l'environnement, qui repose nécessairement sur une stratégie d'harmonisation du cycle production/consommation pour la préservation de cet environnement et de la santé publique dans le cadre du développement durable.