La tension née entre la Russie et la Turquie, suite à l'affaire de la destruction du bombardier russe, ne remettra pas en cause la détermination de Moscou à continuer les frappes contre les convois pétroliers de Daech. Cette organisation terroriste se verra donc amputée de l'une de ses principales sources de financement. La Russie se dit déterminée à lutter contre cette organisation terroriste et qu'elle continuerait à frapper Daech même après la destruction de son avion par la Turquie. Le président russe Poutine a décidé de renforcer les moyens matériels militaires déployés en Syrie pour empêcher toute nouvelle attaque contre ses avions déployés contre Daech et conforter la lutte contre cette organisation terroriste et le trafic pétrolier. La Turquie qui refuse toujours de présenter ses excuses à la Russie pour l'avion russe détruit a «dépassé les limites» d'après le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. Ainsi, la Russie a imposé le visa aux ressortissants turcs à partir du 1er janvier 2016 et annoncé qu'elle prendrait «des mesures économiques» à l'égard de ce pays. Ayant abattu un bombardier russe en Syrie, la Turquie a lancé à Moscou un défi sans précédent, a déclaré de son côté hier le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Ce sont des circonstances sans précédent, et le défi lancé à la Russie est également sans précédent. Notre réaction face à cette menace est adéquate», a indiqué le porte-parole dans une interview à la chaîne de télévision Rossïa 1. Selon lui, l'incident impliquant le bombardier russe a porté un préjudice «difficile à réparer» aux relations entre Moscou et Ankara. Hier, les Etats-Unis ont demandé à la Turquie d'empêcher la mobilité des terroristes, ce qui s'apparente à une mise en garde à l'égard d'Ankara, jugé d'ailleurs par beaucoup d'observateurs comme «trop indulgent» à l'égard des éléments de Daech. Selon le journal américain Wall Street qui cite une source au sein de l'administration Obama, les Etats-Unis ont demandé à la Turquie de renforcer la surveillance d'une partie de ses frontières avec la Syrie, notant que ce tronçon est utilisé par les terroristes. Il s'agit d'un tronçon qui s'élance sur une centaine de kilomètres, est-il expliqué. «La frontière doit être fermée. C'est une menace internationale qui émane de la Syrie et passe par le territoire turc», a expliqué l'interlocuteur du quotidien américain. D'après un responsable du Pentagone contacté par le journal américain, le déploiement d'environ 30 000 militaires supplémentaires suffirait pour la fermeture complète de la frontière turco-syrienne. Pour n'isoler que la partie de la frontière en question utilisée par les combattants de Daech pour entrer en Syrie et pour en sortir, la Turquie devra envoyer au moins 10 000 hommes dans la zone concernée, est-il rapporté par la presse. Deux journalistes turcs emprisonnés Cela intervient au moment où deux journalistes du quotidien turc Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d'Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d'armes convoyées par le gouvernement turc aux «rebelles» syriens. D'après les autorités, les prévenus «ont comploté à l'aide de fausses preuves pour faire croire que la République de Turquie aidait des organisations terroristes», dit le texte élaboré par le parquet. «Nous sommes accusés d'espionnage, le président a parlé de trahison. Mais nous ne sommes ni des traîtres, ni des espions, ni des héros, nous sommes juste des journalistes», a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef du journal, avant d'être déféré devant un juge. Vendredi, près de 2000 personnes ont manifesté à Istanbul en soutien à Can Dündar et Erdem Gül, est-il rapporté. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également dénoncé, dans un communiqué, les poursuites «inacceptables» contre les journalistes turcs. L'OSCE demande aux autorités turques «d'abandonner les charges et de relâcher les journalistes», écrit le journal français Le Monde. Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l'opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement, ajoute Le Monde. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d'armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT). Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu'il fut question d'inspecter le contenu des camions, écrit ce journal français. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour «espionnage» et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d'avoir révélé des «secrets d'Etat» et d'avoir terni l'image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison. Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l'enquête publiée alors, un millier d'obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. Le gouvernement, qui affirmait à l'envi que les camions convoyaient de l'aide humanitaire, dut reconnaître qu'il n'en était rien, est-il rappelé par Le Monde.La communauté internationale soupçonne le président Tayyep Erdogan de soutenir des organisations terroristes en Syrie. Le même président s'était exprimé contre les frappes aériennes russes contre Daech. Des milliers de Turcs avaient manifesté en Turquie contre la politique prônée par Tayyep Erdogan contre la Syrie, l'Egypte et l'Irak. Au demeurant, la Russie a annoncé qu'elle ciblera davantage les convois de Daech de transport de pétrole à partir de puits pétroliers syriens et irakiens.