Le général Hassan conteste le verdict du tribunal militaire d'Oran qui l'a condamné, jeudi, à cinq ans de prison ferme pour «destruction de documents» et «infraction aux consignes». Selon Mokrane Aït Larbi, avocat du général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi, ex-chef de la lutte antiterroriste au sein du DRS, devait faire appel hier devant la Cour suprême. Plusieurs acteurs politiques et anciens militaires ont crié au scandale après l'annonce de la lourde peine. Certains ont dénoncé «une condamnation criminelle», d'autres évoquent une «épuration politique» alors que d'autres déplorent une «décision abjecte et odieuse». Ce qu'il convient désormais d'appeler «l'affaire du général Hassan» et qui est entourée de beaucoup de zones d'ombre, continue de susciter les interrogations des observateurs. Le procès de jeudi a charrié son lot de révélations. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a révélé, hier dans une déclaration à un journal électronique, avoir parlé avec le président Bouteflika du cas du général Hassan au début de l'année 2014. «Il m'avait dit qu'il est propre, que c'est un patriote, qu'il n'avait pas commis de faute et que l'affaire est classée.» Pour la patronne du PT, la condamnation du général Hassan est une «invitation à Daech, à El Qaïda et à d'autres groupes terroristes». Une autre révélation a été faite par l'ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar. Ce dernier a affirmé que l'ancien chef du DRS, le général Toufik, alors qu'il était encore en service, avait, à travers une correspondance adressée au président de la République, expliqué les tenants et les aboutissants de cette affaire. «Il avait souligné qu'en tant que chef hiérarchique direct du général Hassan, il était responsable de tout ce qui pouvait être reproché à ce dernier et qu'en conséquence, il en assumait l'entière responsabilité. Il n'y a pas eu de réponse à ce jour…», souligne Khaled Nezzar. Bouteflika a-t-il reçu la lettre de Toufik ? Pourquoi le procureur militaire n'a pas convoqué le général de corps d'armée Toufik, dont le témoignage est réclamé par les avocats du général Hassan ? Autant de questions qui restent sans réponse pour le moment. En tout état de cause, autant l'arrestation de l'ancien général a suscité la colère et l'indignation des ses collègues de l'armée, autant sa condamnation a laissé libre court aux interrogations de ceux qui se sont exprimés sur l'affaire. L'avocat du général Hassan, Mokrane Aït Larbi, donne toute sa dimension politique à l'affaire en la comparant à celle du colonel de l'ALN, Mohammed Chabani, qui a été condamné à mort par la cour martiale d'Oran en septembre 1964. Dans une contribution rendue publique, Me Aït Larbi a énuméré et dénoncé les «violations» des droits de la défense depuis l'arrestation du prévenu jusqu'au prononcé du jugement. Il rappelle que le général Hassan a été arrêté chez lui à 21h30 et resté sans l'assistance d'un avocat pendant plus d'un mois. «Le procureur militaire n'a pas convoqué le général de corps d'armée Toufik. Et le tribunal n'a même pas statué sur ma demande de renvoi pour convoquer ce témoin capital», relève-t-il encore, ajoutant que les jugements du huis clos et de la condamnation n'ont pas été rendus en audience publique, «en violation des principes élémentaires du Code de justice militaire et du Code de procédure pénale». L'avocat a révélé également que pour charger le général Hassan, la justice militaire a convoqué un «grand trafiquant» qui fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt et un officier mis en retraite par l'accusé. Cela avant de sérier les «mérites» du général Hassan, ponctués par sa citation à l'ordre de l'Armée par le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, du 17 juillet 2011. C'est dire en tout état de cause que cette affaire promet d'autres révélations et peut-être même des surprises.