Subventionnés actuellement à 50%, les prix des produits de large consommation comme le lait, la semoule et le sucre connaîtront des hausses, dans les trois prochaines années, pour atteindre leurs prix réels. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a annoncé hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale que «les produits de large consommation atteindront des niveaux de prix plus élevés de manière progressive». Les produits alimentaires ne sont pas encore touchés par les hausses de prix malgré les taux de gaspillage élevés, fera-t-il remarquer. Le ministre a fixé un délai de deux à trois ans pour mettre un terme aux transferts généralisés pour aller vers des transferts ciblés. Rassurant, il a avancé que l'Etat continuera à «protéger les couches vulnérables» et entend aller vers des aides ciblées et «un soutien frontal». Actuellement, «une segmentation des populations» est en cours, en dépit d'un nouveau système à mettre en place qui définit les personnes qui ont des revenus et ceux qui sont sans revenus. «Nous allons protéger les 12 à 13 millions d'Algériens qui ont un salaire moins de 50 000 DA par mois. Nous allons attribuer un deuxième salaire à ceux qui ont moins d'un seuil qui sera défini, car nous nous acheminons vers la liberté des prix.» La subvention des prix a engendré un taux de gaspillage élevé qui ne peut être supporté par aucune économie. Néanmoins, «la protection sociale et la solidarité vis-à-vis des défavorisés seront maintenus», a-t-il souligné. Ainsi, ceux qui ont un revenu inférieur à un seuil à définir recevront un salaire supplémentaire, a prévu Benkhalfa. En plus clair, la subvention démesurée des produits de large consommation et autres produits comme les carburants ne peut plus être maintenue en raison de la forte chute des revenus de l'Etat qui ont reculé de 45% en 2015. Les augmentations des prix seront progressives et toucheront, dans une première étape, les produits les moins nécessaires, à savoir les carburants, l'électricité et le gaz. Il a fait remarquer qu'«actuellement, nous percevons tous un 2e salaire, qui couvre les subventions des prix de la semoule, le lait, etc.», a-t-il fait remarquer. Une allocation pour les bas salaires Au lieu d'être attribué à tous, ce «2e salaire» sera versé aux personnes qui sont mal payées, donnant à titre indicatif le montant de 40 000 DA. Cela dit, le nouveau mécanisme sera introduit de manière «progressive» afin de «retourner à la valeur». Pour Benkhalfa, «une économie sans valeur est une économie de gaspillage». Répondant aux critiques des députés qui ont dénoncé, lors des débats consacrés au projet de loi de finances 2016, l'abandon de l'Etat de sa politique sociale, le ministre a relevé qu'«aucun pays ne maintient 50% du budget d'équipement, soit 1800 milliards DA pour financer les politiques de soutien dont 446 milliards DA de soutien aux familles. Nous continuons à protéger les couches vulnérables». Dans les prochaines années, il n'est plus question de garder «les subventions généralisées et inéquitables». La hausse de la taxe sur l'électricité, soutenue actuellement à 60%, est loin de compenser son coût réel. Malgré cela, 9 à 10 millions de citoyens ne seront pas touchés par la hausse de la TVA qui est passée de 7 à 17%. Quant aux carburants, il a rassuré que des compensations seront versées pour les agriculteurs qui produisent certaines cultures et pour les petits artisans de la pêche. A propos du projet de loi de finances 2016, adoptée par l'APN, en attendant l'approbation du Sénat, il a minimisé l'impact des hausses des taxes sur les carburants et a promis de sévir contre les commerçants qui tenteront de spéculer. Des brigades mixtes des services du commerce et du fisc effectueront des contrôles réguliers.