L'Algérie fait désormais partie des pays qui utilisent déjà le yuan chinois comme monnaie de règlement. Si pour l'Algérie l'adoption du billet rouge dans le règlement des importations venant de ce pays marque, vraisemblablement, le début d'une nouvelle ère dans la coopération bilatérale, pour la Chine, la question du financement des échanges en yuan est l'un des piliers de sa nouvelle politique «Chinafrique». D'autant que le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a été multiplié par vingt depuis 2000, atteignant plus de 200 milliards de dollars, soit près de deux fois ceux des Etats-Unis ! D'où l'importance aussi bien pour cette puissance mondiale que pour ces partenaires africains de «payer» leurs transactions en cette monnaie. D'ailleurs, la Banque d'Algérie n'a pas attendu longtemps pour instruire les banques intermédiaires d'utiliser cette monnaie, d'autant que depuis lundi, le Fonds monétaire international (FMI) a décidé d'intégrer le yuan chinois dans le panier des devises composant son unité de compte, les Droits de tirage spéciaux (DTS). En rejoignant ainsi dans le panier des DTS le dollar américain, la livre britannique, le yen japonais et la monnaie unique européenne, l'euro, le yuan chinois devient «une monnaie étalon». Pour la Banque d'Algérie, les premières transactions pourront être exécutées au cours du mois de décembre 2015. «La généralisation des couvertures en début d'année 2016», ajoute cette institution monétaire qui précise que «des séances de travail seront organisées avec les responsables de trésorerie et back-office des banques afin de répondre à toute interrogation opérationnelle qui pourrait apparaître». Pour l'institution de Mohamed Laksaci, la Chine étant devenue le premier partenaire commercial de l'Algérie, il est entendu que les règlements des importations en provenance de ce pays ne sauraient être réglées dans une autre monnaie que celle de ce pays. «D'autant plus que cette formule élimine tout premium pour la couverture du risque de change dans le cas de règlement dans une autre monnaie», a indiqué plus loin la Banque d'Algérie. Que pensent les experts ? La nature des échanges commerciaux entre les deux pays va peser lourdement sur cette mesure, attestent-ils. En effet, la balance commerciale étant déficitaire du côté algérien, il est loin d'espérer une forte valeur ajoutée d'une telle mesure. Excepté le côté du risque du taux de change. «C'est un signal fort de la part de l'Algérie en direction de la Chine. C'est un pari dans l'avenir à prendre d'autant plus que l'adoption du yuan réduit le risque de perdre au change étant donné que le yuan est corrélé avec le dollar», a estimé Mustapha Mekidèche, vice-président du Cnes. De son côté, l'expert Abderrahmane Mebtoul a laissé entendre que parler d'ores et déjà de «la valeur ajoutée» d'une telle décision est prématuré. Pour cause, la nature des échanges commerciaux entre les deux pays sont en défaveur de l'Algérie. «Tout dépendra des fluctuations du taux de change, même si a priori cette décision pourrait être bénéfique», a-t-il soutenu. L'expert financier, Liès Kerrar, cité par le site Maghreb Emergent, note le règlement par le yuan (renminbi) des transactions avec la Chine permettra aux opérateurs algériens d'obtenir de meilleures conditions commerciales. «S'ils (les Chinois) font leur prix et leur offre en renminbi ils ne prennent pas de risques de change au niveau commercial. Cela va permettre aux opérateurs algériens d'obtenir de meilleures conditions commerciales. En dollar US, il y a prise en compte des fluctuations du change en dollars (dans le prix)», a-t-il expliqué plus loin.