Tahar Boukella : C'est le Fond de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique. Un fonds par le biais duquel nous finançons le cinéma algérien d'une manière générale. C'est le fonds étatique par lequel on peut financer la production mais également beaucoup d'autres activités du cinéma dont la production, la coproduction, la post production, la distribution, l'exploitation, l'équipement des salles, la formation et la préservation du patrimoine filmique. Le FDATIC existe depuis 1969, en réalité. Cependant, il a connu une période de gel où le cinéma n'en avait pas tellement besoin. Il faut savoir que durant les années 1970 et 1980, il y avait des salles de cinéma qui permettaient en fait de renflouer les caisses de la production cinématographique, le CAAIC. Ce dernier s'autofinançait quasiment grâce aux recettes des salles. Et, il y avait à cette époque 350 salles en Algérie. Durant ces années d'or de l'activité cinématographique en Algérie, il y avait parfois jusqu'à 250 films distribués par an. Il y avait les dernières sorties en France, en Amérique… Nous avons même eu la sortie internationale du film Apocalypse Now, avant les Français. Avec la crise du cinéma, en l'occurrence la dissolution du CAAIC, le FDATIC a été réactivé, c'était au début des années 2000. C'était en fait le seul moyen de relancer la production cinématographique. Je vous donne un petit bilan, entre 2007 et 2013, il y a eu une centaine de films qui ont été aidés par le FDATIC. Il y avait une trentaine de longs métrages, à peu près autant de courts métrages, une quinzaine de coproduction et le reste en documentaires. Il y a eu également de la formation, de l'aide à l'équipement des salles en DCP... Quelle est la composition de la commission de lecture ? La dernière commission, dont je fais partie, a été installée en novembre 2014. Nous sommes neuf membres, Amazit Boukhalfa (journaliste/scénariste), Cheriet Aïssa (scénariste/réalisateur), Hadjer Khouidri (écrivaine/universitaire), Ouyed Ahmed (écrivain/scénariste), Fatima Ouzzane (universitaire/scénariste), Abdelhamid Rabia (comédien), Bahia Rachedi (comédienne), Senouci Mourad (universitaire / dramaturge). Et nous essayons de travailler dans une transparence élémentaire. Comment les membres de la commission de lecture ont-ils été nommés ? C'est, en premier lieu, le ministre de la Culture qui décide. Si on me demandait mon avis, je serais pour un système semi-électif. Pour la compétence, je ne peux juger de la compétence des uns et des autres y compris de la mienne mais ce que je peux garantir en tant que président de cette commission, c'est la transparence. Chaque projet fera l'objet d'un compte-rendu de lecture détaillé. Chaque porteur de projet peut solliciter une rencontre et une audition contradictoire avec la commission. Et faire des réclamations publiques qui seront traitées. Quel est le fonctionnement de la commission de lecture du FDATIC ? Cela se passe sur le modèle du CNC français, à savoir qu'il y a une commission indépendante théoriquement dans les textes de loi qui est chargée de centraliser toutes les demandes d'aides. Que ce soit les aides à la production, à la finition, à la distribution. Il y a une commission de lecture qui évalue les différents projets et qui donne son avis. Il y a, à l'issue, trois types de conclusions. L'accord, bien sûr, projet retenu, projet non retenu. Mais également une troisième catégorie, projet retenu mais sous réserve. Nous demandons une réécriture et et des réaménagements au porteur du produit. La commission de lecture est nommée par le ministre de la Culture mais la loi exige qu'elle soit autonome. Il faut savoir, qu'en réalité, il y a deux commissions au FDATIC. Une commission centrale de lecture et une commission de techniciens financiers que l'on appelle la commission d'évaluation, présidée par le cinéaste Lamine Merbah. Lorsque votre projet est admis, il est soumis à cette commission pour statuer sur le montant de l'aide que l'on va vous accorder. A quel moment la commission de lecture se réunit ? Le dernier lundi de chaque mois. Si vous déposez un projet, vous avez toutes les chances qu'il soit pris par la commission dans les deux mois qui suivent au maximum. Nous faisons une réunion au cours de laquelle, quand il est question de scenarios costaux, nous en prenons cinq à six sinon cela peut monter à dix. Il est possible de déposer son scenario n'importe quel jour ouvrable du ministère de la Culture. Combien de scenarios sont déposés par mois ? Depuis la fin du mois de juillet dernier, nous avons déjà étudié une soixantaine de scenarios. Chaque mois, en fait, il y a en moyenne une quinzaine de scenarios qui sont envoyés à la commission. Nous avons le sentiment qu'il y a un peu plus de scenarios qui sont déposés ces derniers temps. Nous sommes contents et fiers que beaucoup de jeunes déposent des projets. Quels sont les critères imposés par la commission ? Fondamentalement, il faut que le projet soit cinématographique. Cela exclut d'office et radicalement tout ce qui relève de la télévision, du téléfilm, du reportage télévision ou bien du feuilleton compressé, de la série allongée… tout ça relève de la télévision. Quand on dit cinéma, tous les éléments de censure et d'autocensure que l'on applique naturellement quand il s'agit de télévision, ne doit plus exister. Nous avons également une grille de cinéma que l'on applique au scenario. Entretien réalisé par Samira Hadj Amar