Le Parlement du Tadjikistan a attribué hier au président du pays, Emomali Rakhmon, le titre de «chef de la nation» à vie, renforçant un peu plus le culte de la personnalité dans cette république pauvre d'Asie centrale. Ce titre honorifique garantit au président tadjik l'immunité à vie et permettra la création d'un musée et d'une bibliothèque consacrés à son héritage. «Les mots et les actes d'Emomali Rakhmon occupent une place importante dans nos cœurs», a déclaré le président du parlement tadjik, Choukourdjon Zoukhourov, lors de la séance de mercredi. Selon lui, la principale réussite du président tadjik en 23 années de pouvoir a été le «retour de la paix et de la stabilité» après cinq ans d'une guerre civile qui s'est terminée en 1997. L'opposition modérée au régime d'Emomali Rakhmon n'est pas tolérée, alors que les problèmes économiques et sociaux s'accumulent dans cette ex-république soviétique de huit millions d'habitants. Plusieurs ONG ont accusé les autorités d'avoir lancé ces derniers mois «un assaut de grande ampleur sur les opposants» du pays, notamment après le classement du principal parti d'opposition, le parti de la Renaissance islamique comme «organisation terroriste». Le Tadjikistan, pays laïque à majorité musulmane, s'inquiète de l'attrait de l'Islam radical sur les jeunes tadjiks alors que plusieurs centaines d'entre eux ont déjà rejoint Daech en Irak et en Syrie. Aucune élection au Tadjikistan n'a jamais été reconnue libre et juste par les observateurs internationaux. Le président Emomali Rakhmon a prolongé en 2013 les deux décennies qu'il avait déjà passées au pouvoir en remportant un scrutin présidentiel que l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a qualifié d'«élection sans réel choix».