La présidente du jury du Festival d'Annaba du film méditerranéen, Kalthoum Bornaz, a indiqué, jeudi en soirée, que le jury a attribué à l'unanimité le Anab d'or à Tarzan et Arab Nasser pour leur long métrage palestinien Dégradé. «Annaba est devenue une fenêtre sur le bassin méditerranéen. Le comité félicite Annaba pour son festival et lui souhaite une longue vie». C'est sur ces mots que Kalthoum Bornaz a confié le palmarès de la 1re édition du Festival d'Annaba du film méditerranée à l'animateur Mohsen. Hier soir, le théâtre Azzedine-Medjoubi a livré les résultats de la compétition qui s'est engagée depuis le 3 décembre pour le Anab d'or du meilleur long métrage. Le prix du public a été décerné étrangement à la réalisatrice syrienne Sulef Fawakherdji pour son film «Lettres de cerise». Trois mentions spéciales du jury ont été attribuées à Adlane Djemil pour son rôle dans Madame courage de Merzak Allouache (Algérie), Fatma Ben Saidane pour son rôle dans «Dicta shot» de Mokhtar Ladjimi (Tunisie) et Kyros Papavassiliou pour son scénario de Impressions of a drowned man (Chypre). Le prix du meilleur rôle féminin a été attribué à toutes les actrices du film Dégradé, Tarzan et Arab Nasser (Palestine). Le prix du meilleur rôle masculin a été décerné à Ilhan Sesen pour son rôle dans «Sakli» (Secret) de Selim Evci. Le prix du meilleur scénario a été octroyé au film «Adama» de Simon Rouby (France). Le grand prix spécial du jury a été accordé à Merzak Allouache pour Madame courage. C'est une salle archicomble qui a accueilli cette dernière soirée du Festival d'Annaba du film méditerranéen. Un festival qui a ouvert ses portes le 3 décembre dernier au théâtre Azzedine-Medjoubi. Cette manifestation a abrité concrètement la projection de seize films sur dix-neuf programmés et deux tables rondes. Elle a aussi été le théâtre d'un dispositif de sécurité et d'un protocole qui a étouffé sa véritable valeur. Le public bônois n'a pas mérité le traitement répressif dont il a été victime de la part des autorités trop présentes et trop pesantes. La réalisatrice syrienne Sulef Fawakherdji aura marqué Annaba par son passage peopolisé et politisé, mais certainement aussi par la qualité de son film. Baisser de rideau pour cette première édition qui aurait pu se faire sans l'écrasant poids du politique à la défaveur de la culture du cinéma méditerranéen. Carton rouge pour le programme aussi bien d'ouverture en pantomime que celui de la clôture qui s'est réduit à la prestation d'un Cheb Hindou habitué à divertir le ministre de la Culture et ses convives pendant les soirées du Festival à l'hôtel Sabri. D'ailleurs, au cours du dîner de clôture, nous dit-on, le député et vice-président de l'Assemblée populaire nationale Baha Eddine Tliba s'est même laissé aller à une «tebriha», façon cabaret, de vingt millions à l'attention de Azzedine Mihoubi. Le FAFM mérite bien plus que ça et autant pour la ville de Annaba qui ne dispose à ce jour même pas d'une seule salle de cinéma. Et c'est ici que réside la véritable problématique d'organiser à coups de milliards des événements cinématographiques alors que toute une wilaya est privée de salles de cinéma et de la culture qui s'y rattache. Cette problématique semble ne pas déranger le département de Azzedine Mihoubi, encore moins ceux qui attribuent des budgets colossaux à ce secteur sans que le rendu au final ne soit rentable et encore moins efficace pour le public. De notre envoyée spéciale à Annaba, Samira Hadj Amar