Le Sbuaâ de Gourara de cette année sera particulier et mémorable. Ce rituel, pèlerinage aux allures d'immenses fêtes organisées chaque année au sud-ouest du Sahara algérien par les communautés locales qui visitent les mausolées des saints pour commémorer la naissance du Prophète Mohamed (QSSSL), a été classé cette année par l'Unesco dans la nomenclature du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. C'est ce qu'a révélé Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherche anthropologique et historique, CNRPAH, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du musée du Bardo à Alger. «L'Algérie a proposé 6 dossiers à l'Unesco depuis 2012, qui sont passés comme une lettre à la poste», fera savoir Slimane Hachi avec enthousiasme. En effet, le directeur du CNRPAH a souligné que le ministère de la Culture a eu la bonne idée de charger son bras scientifique, à savoir le CNRPAH, de préparer les six dossiers inscrits jusqu'à présent par l'Unesco dans le patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Slimane Hachi est revenu en effet sur ces six acquis à l'honneur à l'Algérie au sein de la communauté internationale. Le premier fut celui d'Ahellil de la wilaya Adrar. Le second a été celui de l'habit traditionnel féminin, à savoir les rites liés aux costumes nuptiaux de Tlemcen et de sa région. Troisième dossier à passer comme «une lettre à la poste», El Rakb de Ouled Sidi Cheikh d'El Bayadh. Quatrième dossier, et qui n'est pas des moindres, l'instrument musical de prédilection des touaregs, à savoir l'Imzad. La manifestation touareg, Sebiba de Djanet, est le cinquième dossier à être classé et enfin cette année, le Sbuaâ de Gourara rejoint cette glorieuse liste qu'on espère très longue au futur. «Il faut souligner que le classement d'un dossier par l'Unesco se fait à travers l'étude d'un dossier complet que le pays concerné doit présenter à la commission, organe d'évaluation constitué de 12 membres internationaux dont six indépendants et six désignés par des organisations non gouvernementales (ONG) qui évaluent le dossier durant une année avant de décider, unanimement, de le reconnaître ou pas», a tenu à a préciser M. Hachi. Au cours de cette conférence, un extrait de 10 minutes du film de Ould Hocine Bouzid, qui revient de manière exhaustive sur Sbuaâ a été projeté. Le Sbuaâ, un rendez-vous qui marque Chaque année, les pèlerins des communautés zénètes, dans le sud-ouest du Sahara algérien, visitent les mausolées des saints pour commémorer la naissance du Prophète Mohamed (QSSSL). Le Sbuaâ s'étale sur une semaine et comporte des pratiques culturelles festives liées à des activités de groupe, comme des visites et des célébrations accompagnées de chants et de danses. Les pèlerins terminent leur voyage le septième jour sur une place à l'extérieur d'une zawiya (institution communautaire) située au centre de Gourara, qui abrite le mausolée de Sidi El Hadj Belkacem. Les différents groupes de pèlerins fusionnent symboliquement autour d'un détenteur portant l'étendard du saint avant de rejoindre ensuite leurs groupes respectifs pour poursuivre le rituel, dirigé par les pèlerins les plus âgés. Les femmes participent aux rassemblements en poussant des youyous et en présidant le rituel dit «de la meule», une semaine avant le début de la cérémonie. Ainsi, elles broient la première poignée de céréales utilisée pour faire le couscous servi aux pèlerins. Les détenteurs de cette tradition peuvent remonter leur lignée jusqu'aux saints en se décrivant comme leurs descendants. Les enfants et les jeunes sont impliqués de manière formelle dans les différents aspects (actes, prières et chants), devenant peu à peu eux-mêmes les détenteurs de la connaissance. Compte-tenu de l'ensemble des croyances et des rites à l'œuvre dans le pèlerinage, le Sbuaâ est considéré par les communautés comme une expression de leur histoire et des liens qui les unissent.