Le Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes) a décidé, suite à l'organisation de son conseil national hier, de suspendre la grève après trois jours de protestation. Cette décision a été prise, selon M. Abdelmalek Rahmani, premier responsable du Cnes, sur la base des rapports des assemblées générales qui ont estimé qu'une avancée significative a été enregistrée suite à la rencontre tenue avec le ministre de l'Enseignement supérieur le 25 mai. M. Rahmani a déclaré dans une communication téléphonique que «le conseil national a statué sur la suspension de la grève, tout en restant vigilant (…) Le ministre a répondu favorablement aux doléances des enseignants qui sont à l'origine du débrayage annoncé au préalable à partir du 30 mai, mais le syndicat est appelé à veiller sur la bonne application des engagements de la tutelle.» Les revendications accordées concernent, entre autres, le régime indemnitaire, les logements ainsi que la mise en place d'un partenariat dans les décisions qui touchent le secteur. Il y a lieu de rappeler dans ce contexte que l'annonce a été faite par le Premier ministre lui-même lors de ses réponses faites devant les députés récemment, et annonçant que «le Cnes sera associé pleinement lors de la discussion sur le régime indemnitaire.» Le porte-parole du Cnes a cependant précisé que son organisation syndicale ne compte pas renoncer à la lutte tant que ces engagements ne sont pas concrétisés. D'ailleurs, certaines doléances inamovibles du syndicat, comme la démocratisation des universités et surtout la liberté d'exercice du pluralisme syndical ne sont pas encore prises en charge. Cette réponse positive de Harraoubia est par ailleurs liée au nouvel esprit d'ouverture affiché par le chef du gouvernement qui veut visiblement créer un climat propice au déroulement des examens de fin d'année. Il y a lieu de rappeler que le Conseil national des enseignants du supérieur avait exprimé, lors d'une conférence de presse tenue le 19 mai, sa colère quant à la situation alarmante dans les campus. M. Rahmani avait déclaré que la grève est motivée par la situation socioprofessionnelle des enseignants et les problèmes de l'université. «L'université algérienne d'aujourd'hui est une université où l'on tue des enseignants, où l'on poignarde des étudiants et où l'on marchande les notes», avait-il déclaré, avant d'ajouter que cette situation est un «tableau noir que les enseignants ne peuvent cautionner, car comment cautionner une université qui jette ses enseignants en prison pour un délit d'opinion ?» La même source avait rappelé, à la même occasion, les promesses non respectées par la tutelle et l'absence d'une stratégie pour l'université. Dans le détail, M. Rahmani a expliqué que «depuis la promulgation du statut particulier de l'enseignant chercheur en avril 2008, les promesses données dans le cadre des travaux de la commission mixte MESRS-Cnes sur le régime indemnitaire sont restées sans suite, dénotant le mépris absolu des pouvoirs publics vis-à-vis de l'enseignant».