La tension est restée vive hier au quartier Haï El Yasmine à Oran, après les émeutes qui ont secoué cette bourgade suite à une opération de relogement des habitants de Haï Essanaouber, ex-Les Planteurs. La veille, une opération de contrôle policier a tourné au drame, quand un jeune ouvrier, employé dans un chantier de construction, a été mortellement blessé par balle. L'événement a donné lieu à une vague de protestation au cours de laquelle des biens publics et privés ont été saccagés. D'ailleurs, hier, au cours de notre visite, le siège de l'antenne locale de l'Office de gestion et de promotion immobilière portait encore les traces de la colère des bandes de jeunes qui ont soutenu que «le policier en civil a usé de son arme de service sans sommation avec une intention délibérée de tuer». Cette version des faits, que nous n'avons pas pu vérifier auprès des services de sécurité, est soutenue par des voisins de la victime qui ont affirmé que le défunt, un jeune né en 1982, ne faisait pas l'objet de recherche de la part des policiers. «Il travaillait encore sur le chantier quand des policiers en civil se sont présentés pour vérifier l'identité d'autres ouvriers. Une altercation les avaient opposés aux agents de l'ordre, et la victime, qui était intervenue pour les séparer, a reçu une balle en pleine poitrine tirée par un policier qui n'a pas procédé aux sommations d'usage.» Un voisin qualifiera la victime de garçon sans problème qui voulait réussir sa vie. «La preuve, il a rejoint le chantier pour travailler et réunir la somme de 20% de l'apport personnel qui lui aurait permis de bénéficier d'une aide de l'Ansej pour lancer un atelier de couture», dira-t-il. Pour d'autres voisins, tout est parti d'une saute d'humeur. «La veille, le policier, qui n'est pas du quartier, voulait fouiller la victime au moment où elle quittait le chantier. Suite à son refus d'obtempérer, le policier est parti mais il est revenu, le lendemain, à la charge, accompagné d'un autre agent. La victime, qui était de nature calme, n'avait aucune mauvaise fréquentation», diront-ils. Hier, un cordon de police était déployé dans le quartier pour prévenir tout trouble à l'ordre public. Les limiers de la police scientifique poursuivaient leurs investigations au moment de notre visite. Des sages ont appelé hier les jeunes à faire preuve de calme pour éviter que cet événement dramatique ne prenne des tournures plus douloureuses encore. Il est à rappeler que nos tentatives de connaître les détails de cette affaire auprès des services de police sont restées vaines. Toutefois, des sources ont affirmé qu'une enquête est en cours et que «les résultats seront rendus publics une fois les conclusions tirées», a précisé une source policière.