A moins d'une semaine de la signature de la loi de finances 2016 par le président de la République, le ministre des Finances a minimisé hier à Alger le tollé provoqué par cette loi qu'il qualifie «d'ordinaire», adoptée dans un contexte «extraordinaire». Evitant d'aborder le débat houleux qui a eu lieu à l'Assemblée populaire nationale avant l'adoption de la LF 2016, Abderrahmane Benkhalfa a estimé que l'«Algérie est en mouvement», ce qui explique «les discussions» qui ont eu lieu au Parlement. A travers cette loi, qui ne prévoit pas de nouveaux impôts, il est question de «revoir les règles de jeu et de revenir à la valeur», insistera-t-il. La dernière carte des partis de l'opposition qui ont saisi cette semaine le président de la République pour bloquer la signature de la LF2016 ne semble pas inquiéter Benkhalfa qui fait de ce texte un prélude pour «installer la croissance dans la voie de la valeur». L'invité du forum d'El Moudjahid a expliqué que la LF 2016 apporte «des ajustements modérés progressifs» des tarifs de certains produits comme le gaz, l'électricité et les carburants (hausse de la TVA de 7 à 17%). De tels ajustements seront bénéfiques pour les grandes entreprises de production, comme Sonelgaz, qui seront plus fortes, dans la mesure où une partie des recettes de ces hausses seront versées à ces entreprises. Une nouvelle fois, il a expliqué que les augmentations ne signifient nullement l'abandon de l'Etat de sa politique sociale, surtout à l'adresse des couches défavorisées. La hausse des prix des produits qu'induiront les augmentations des taxes sur les carburants, le gaz et l'électricité doivent être supportées par l'Etat, les producteurs, les commerçants et les citoyens, a-t-il préconisé. La hausse de la taxe sur l'électricité sera sans impact significatif sur les ménages qui consomment une moyenne de 1000 kilowatt-heure/an, a rappelé le ministre. Appel au «civisme» fiscal Benkhalfa reviendra, par ailleurs, sur les motifs des augmentations qui ont pour but de rapprocher les prix de vente des coûts réels de production, de rationaliser la consommation et lutter contre la contrebande. «Nous voulons préserver, à la fois, les intérêts des citoyens et ceux des grandes entreprises», qui ne doivent plus être soutenues par le budget de l'Etat ou à travers des mesures administratives. A propos de l'article 66 qui prévoit l'ouverture du capital social des entreprises publiques aux capitaux privés nationaux résidents, il a apporté une nouvelle précision en indiquant que les entreprises stratégiques sont celles qui activent dans le domaine des «services stratégiques». Initialement, l'ouverture du capital devait concerner l'ensemble des entreprises publiques mais le Premier ministre a précisé, lors de sa visite à Sétif cette semaine, que les entreprises stratégiques ne sont pas concernées par cette privatisation à l'instar de Sonatrach, Sonelgaz et Naftal. En revanche, Benkhalfa a expliqué que les statuts des entreprises stratégiques leur interdisent une telle ouverture. Il a ajouté à ce propos qu'une liste des entreprises a été élaborée par le ministère de l'Industrie. A l'adresse des intervenants de l'informel, il a renouvelé son appel pour qu'ils déposent leurs fonds dans les banques, les incitant aussi à opter pour «le civisme fiscal». «Nous ne sommes en confiance que dans son pays et dans les banques de son pays», a-t-il souligné. A propos de la dépréciation de la valeur du dinar, il a accusé ceux qui échangent de grands montants de la monnaie nationale, sur le marché parallèle, par des euros et des dollars surévalués. Brader le dinar de cette manière signifie que «c'est un argent mal acquis», a-t-il déploré.