Le hall de la maison de la culture Taos- Amrouche vit depuis trois jours au rythme d'un foisonnement de couleurs et de formes se dégageant des œuvres du peintre Mohamed Chafa Ouzzani. Des tableaux qui libèrent l'imagination des visiteurs de toute évocation du réel. Il n'y a pas d'attaches avec des sujets évidents, tout est dans la combinaison des couleurs et des formes qui s'en délivrent. Le peintre qui a choisi de dévoiler une exposition sans titres «afin de donner plus de consistance à l'abstrait», comme il nous l'affirme, révèle sa préférence pour le langage visuel où il se sent plus libre. «C'est un peu comme dans la prose littéraire», nous dit Mohamed Chafa Ouzzani. La surabondance de couleurs parfois osées sur des formes aussi éparses que compactes laisse deviner la sensibilité portée à fleur de peau par le peintre qui tente hardiment sur l'un des tableaux de donner cette impression d'un magma architectural suspendu dans un espace non identifié. Est-ce son métier - Ouzzani est architecte de profession depuis plus de vingt ans - qui plane sur cette toile ? C'est ce qui s'exhale en tout cas au détour de chacune de ces formes enivrantes de couleurs. Le peintre, qui expose régulièrement depuis de très longues années, a commencé sa carrière artistique parallèlement à sa profession il y a une vingtaine d'années. Sa première sortie officielle remonte à quinze années dans la galerie de l'hôtel Sofitel de la capitale avec une vingtaine d'œuvres semi-figuratives très bien accueillies par la critique. Depuis, Mohamed Chafa Ouzzani a fait évoluer «son» art sur l'abstrait où il semble plus à l'aise. «Evanescences» en fut l'un de ses tout premiers thèmes dont il a exalté il y a deux années le nombreux public visitant le hall du théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa. Ouzzani déplore cependant l'absence d'espaces d'exposition pour les artistes de Béjaïa. «Pour le moment, il n'y a que la capitale où l'on peut vraiment donner libre cours à ses pinceaux aussi bien dans des galeries privées que publiques sans parler de certains hôtels qui s'y sont investis», nous dira l'artiste qui revient d'un vernissage collectif qui l'a conduit au Bastion 23 dans la capitale.