Confusion totale autour des augmentations des prix qui devront intervenir à partir du mois de janvier 2016. Ni les pouvoirs publics ni les organisations professionnelles n'ont jugé utile de communiquer sur l'impact des ajustements de taxes prévues par la loi de finances 2016, notamment celles touchant les carburants. A quelques jours de l'entrée en vigueur de la LF 2016, on ignore les montants de ces augmentations. Certes, l'Etat ne fixe que les prix des produits subventionnés, mais les hausses prévus officiellement pour les carburants risquent d'être répercutés de manière disproportionnée et désordonnée. Et sur ce plan, c'est le silence total au niveau des institutions censées être à l'avant-garde et intraitables quant aux répercussions des principales mesures fiscales prévues par la loi de finances. Il est clair que les augmentations de taxes vont engendrer de sérieuses hausses de prix de plusieurs produits alimentaire et services. D'ailleurs, les producteurs et commerçants sont unanimes sur ce point. En attendant la confirmation officielle, le prix du gasoil sera porté à 14.98, au lieu de 13,70 dinars actuellement, soit une augmentation de plus d'un dinar par litre. Au demeurant, il s'agit d'une augmentation symbolique. Mais le citoyen risque de la subir autrement. Idem pour l'essence (super et sans plomb) dont le prix devra osciller entre 28 et 29 DA, alors qu'actuellement, il est cédé entre 22 et 23 DA. Il s'agit bien d'une augmentation qui ne dépassera pas 6 dinars. Toutefois, le consommateur risque de payer plus, non pas uniquement au niveau de la station d'essence, mais lorsqu'il se rendra au marché des fruits et légumes ou quand il sollicite un service quelconque. Nonobstant les augmentations de manière significative, le prix de la vignette automobile dont le prix sera fixé à 10 000 DA pour certains véhicules de moins de trois ans, il est attendu des hausses du matériel informatique (la TVA passe de 7 à 17%), des fruits et légumes importés, dont la valeur des taxes oscillera de 40 à 60%, comme les bananes ou les ananas, sans oublier les fortes taxations envisagées pour les importateurs de voitures de luxe. Face à cette situation inquiétante, le président de l'Association des commerçants et artisans algérien, El Hadj Tahar Boulanouar, n'a pas écarté l'éventualité qu'il y ait une hausse sensible et peut-être injustifiée de plusieurs produits alimentaires ainsi que les services. «Le transport de marchandises va augmenter, sans oublier les tarifs de production de certaines denrées alimentaires», a-t-il dit, soulignant : «Les commerçants seront contraints de revoir les prix, mais sans barème fixé par l'Etat.» Il a cité comme exemple les éleveurs de poulet, qui consomment énormément d'électricité et qui seront obligés d'augmenter les prix. L'électricité sera augmentée, en effet, à compter d'un certain seuil de consommation. A partir de 125 kilowatt/h (kwh), le consommateur payera pratiquement 10% plus cher sa facture d'électricité. A vos poches ! Selon Boulanouar, les agences de voyages, de communication et autres entreprises vont, elles aussi, réviser à la hausse leurs prestations. «Les entreprises qui consomment à longueur de journée l'électricité n'auront pas d'autre choix que de revoir le prix de leurs prestations pour améliorer leurs chiffres d'affaires ou carrément revoir le mode de consommation», a-t-il justifié. Néanmoins, Boulanouar a souligné la nécessité pour les autorités publiques, notamment le ministère du Commerce, d'intervenir pour encadrer les prix. «La tutelle doit faire une étude avec les commerçants et fixer le coût des produits subventionnés ou administrés», a-t-il appelé. Pour les autres produits, notre interlocuteur dira que les prix sont libres, mais ne peuvent dépasser un seuil tolérable en rapport avec la loi de finances 2016. Il est clair, selon lui, que le secteur des transports ne sera pas lui aussi épargné par la hausse imminente des prix. Les chauffeurs de taxi et de bus parlent déjà de revoir la tarification de leurs courses. Là aussi, la tutelle, notamment le ministère des Transports, doit intervenir pour fixer les prix. Contacté à ce sujet, le chargé de communication du ministère des Transports affirme que les responsables du secteur préfèrent temporiser avant d'agir. «Nous attendons que la loi de finances soit signée avant de faire quoi que ce soit», a-t-il expliqué.