La Corée du Nord met une nouvelle fois le monde en état d'alerte. En annonçant, hier, avoir mené avec succès un essai d'une bombe à hydrogène miniaturisée, elle a poussé le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir «en urgence». La réunion demandée par les Etats-Unis et le Japon prendra la forme de consultations à huis clos entre les 15 pays membres, a précisé la porte-parole de la mission américaine auprès de l'ONU, Hagar Chemali. La réunion d'urgence a eu lieu à partir de 11 heures (17 heures algérienne). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé que Pyongyang «cesse toute activité nucléaire et respecte ses obligations pour une dénucléarisation vérifiable». Dans une déclaration à la presse, M. Ban a «condamné sans équivoque» l'annonce par la Corée du Nord d'avoir testé une bombe à hydrogène. Il a qualifié ce quatrième essai nucléaire nord-coréen de «très inquiétant», estimant qu'il «est profondément déstabilisant pour la sécurité régionale et qu'il nuit gravement aux efforts internationaux de non-prolifération». Il s'agit, pour M. Ban, d'une «nouvelle violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, malgré les appels unis de la communauté internationale à cesser de telles activités». Les Nations unies, a-t-il ajouté, «suivent de près ces développements en coordination étroite avec les organisations internationales concernées comme l'Organisation pour l'interdiction des essais nucléaires (CTBT)». La Corée du Nord a en effet affirmé avoir mené hier son premier essai «réussi» de bombe à hydrogène, une revendication qui décuplerait les enjeux autour du programme nucléaire nord-coréen. il s'agit d'une «violation évidente» des résolutions de l'ONU et d'un acte «profondément regrettable», selon Yukiya Amano, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'agence spécialisée de l'ONU exhorte Pyongyang à «mettre en œuvre dans leur totalité toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'AIEA». Plusieurs résolutions de l'organisation internationale avaient interdit à Pyongyang toute activité nucléaire ou liée à la technologie des missiles balistiques. «Violation» des résolutions onusiennes Les condamnations internationales ne se sont pas faites attendre. La Corée du Sud et le Japon voisins ont dénoncé une «violation» flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a, lui, exprimé la condamnation du Royaume Uni «sans réserve», à ce qu'il a considéré comme «une provocation». La Russie, pour sa part, a dénoncé une «violation flagrante» du droit international, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Moscou avait auparavant qualifié les sanctions de contre-productives. Même la Chine, fidèle alliée de la Corée du Nord, s'est dite «fermement opposée» à cet essai, et «exhorté instamment» Pyongyang «à tenir son engagement de dénucléarisation, et à s'abstenir de toute action qui aggraverait la situation». La France «condamne» l'essai réalisé par la Corée du Nord, une «violation inacceptable des résolutions du Conseil de sécurité» de l'ONU, selon la Présidence. L'Union européenne a également dénoncé «une violation inacceptable» et une «menace» envers la sécurité de l'Asie du nord-est, selon la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Les Etats-Unis ont promis une réaction «appropriée» aux «provocations» de Pyongyang, tout en se disant incapable de confirmer qu'il s'agissait bien d'une bombe à hydrogène. Le président américain, Barack Obama, avait qualifié en 2014 la Corée du Nord «d'Etat paria» et promis des sanctions plus fermes en cas de nouvel essai. Un pied de nez à la communauté internationale S'il s'avérait vrai, le premier test «réussi» de bombe à hydrogène ou bombe thermonucléaire de la Corée du Nord est intervenu un mois après que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, ait laissé entendre que son pays avait mis au point une bombe H. «Le premier essai de bombe à hydrogène de la République a été mené avec succès à 10h00» (01h30 GMT), a annoncé la télévision officielle nord-coréenne, précisant que l'engin était «miniaturisé». «Avec le succès parfait de notre bombe H historique, nous rejoignons les rangs des Etats nucléaires avancés», a souligné la télévision qui a montré des images de l'ordre signé de la main du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, daté du 15 décembre, donnant le feu vert au test et accompagné d'une exhortation à entamer l'année 2016 au «son exaltant de la première explosion d'une bombe à hydrogène». La bombe thermonucléaire utilise la technique de la fusion nucléaire et produit une explosion beaucoup plus puissante qu'une déflagration due à la fission, générée par les seuls uranium ou plutonium. Pyongyang a testé trois fois la bombe atomique A, qui utilise la seule fission, en 2006, 2009 et 2013, ce qui lui a valu plusieurs séries de sanctions de l'ONU.