La tension entre Riyad et Téhéran ne baisse pas. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, s'est plaint auprès de l'ONU des «provocations» saoudiennes, alors que le conflit diplomatique est loin d'être résolu. Dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, le ministre iranien déclare que certaines personnes à Riyad semblent décidées à étendre la crise actuelle à toute la région, rapporte l'agence Reuters. Selon le chef iranien de la diplomatie, son pays ne souhaite pas que la crise entraîne une escalade des tensions. Le responsable insiste sur le fait que les dirigeants saoudiens sont entièrement responsables de l'état de la situation. Les autorités saoudiennes ont le choix entre le chemin du conflit et de la haine religieuse, et le bon voisinage contribuant à la sécurité régionale, peut-on lire dans la lettre du ministre iranien citée par l'agence de presse officielle Irna. Par ailleurs, parlant de «provocations directes», le responsable iranien désapprouve non seulement l'exécution du prédicateur Nimr al-Nimr, mais également «les mauvais traitements persistants», dont les chiites font l'objet, selon lui, lors de leur pèlerinage à La Mecque. L'Arabie saoudite, qui a réussi à «remonter» un certain nombre de pays arabes et musulmans contre l'Iran, poursuit ses exécutions. Quatre Iraniens, dont l'un accusé d'espionnage, doivent être jugés en Arabie saoudite, ont rapporté vendredi des journaux saoudiens alors que les relations entre Riyad et Téhéran se sont tendues à la suite de l'exécution d'un dignitaire chiite saoudien. Le quotidien Arab News a précisé que trois de ces Iraniens seront jugés pour «terrorisme» et le quatrième pour espionnage, sans fournir d'autres précisions. Ces informations ont été publiées en pleine tension entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Ryad a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran après des attaques contre ses représentations diplomatiques en Iran par des manifestants voulant protester contre l'exécution d'un dignitaire chiite critique du régime saoudien, Nimr al-Nimr, condamné à mort pour «terrorisme». Le «lobbying» saoudien se poursuit en vue d'isoler l'Iran. Les monarchies arabes du Golfe ont en effet apporté leur «soutien total» à l'Arabie saoudite dans la crise qui l'oppose à l'Iran. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) «condamne avec force les agressions contre les représentations diplomatiques saoudiennes en Iran», indique un communiqué publié à l'issue d'une réunion extraordinaire à Riyad des ministres des Affaires étrangères des six membres de ce rassemblement régional. Il s'est élevé contre «les ingérences iraniennes dans les affaires de l'Arabie saoudite» en référence aux déclarations indignées de l'Iran à la suite de l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr. Le CCG a également vu dans ces déclarations «des incitations directes aux agressions visant les missions diplomatiques saoudiennes» en Iran. Il a dit «soutenir totalement les décisions prises par l'Arabie saoudite pour lutter contre le terrorisme «et» avoir confiance dans l'indépendance et l'intégrité de la justice saoudienne». Tous ces pays ont menacé, dans leur communiqué publié samedi, de «prendre d'autres mesures contre l'Iran si ce pays poursuit ses agressions», mais sans préciser la nature de ces mesures.