Entamée le 29 octobre dernier, la grève illimitée des travailleurs de Leader Meubles Taboukert, ne semble pas connaître son épilogue malgré les assurances données récemment par le secrétaire général de l'UGTA quant au dénouement du conflit opposant les travailleurs à leur directeur général. Accosté le 21 décembre dernier, soit après 52 jours de grève, par les représentants des travailleurs de l'entreprise Leader Meubles Taboukert, lors de sa visite à l'usine Eniem de Oued Aïssi, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, avait pourtant déclaré que cette affaire est définitivement réglée. «Je peux vous assurer que l'affaire de Leader Meubles est définitivement réglée. J'ai discuté avec le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. Il a décidé de nommer un nouveau directeur général à la tête de l'entreprise. Durant cette semaine ou au plus tard au début de la semaine prochaine, vous aurez un nouveau directeur. Vous êtes donc appelés à reprendre le travail», avait-il déclaré à l'adresse des travailleurs grévistes de Leader Meubles Taboukert. Une déclaration perçue comme une délivrance par les quelque 400 travailleurs de l'entreprise avant de se rendre à l'évidence que cette promesse est restée finalement lettre morte. «Depuis l'annonce par le secrétaire général de l'UGTA de la nomination d'un nouveau directeur général, il y a presque un mois, rien n'a changé. C'est le statu quo. Il n'y a ni nomination d'un nouveau directeur ni reprise de travail. Au contraire, le conflit se corse puisque non seulement nous sommes à notre 75e jour de grève, et donc sans salaires depuis presque trois mois, mais aucun responsable n'a daigné se pencher sérieusement sur cette question qui concerne l'avenir de centaines de familles», dénonce un travailleur gréviste. Pour rappel, l'entreprise a été paralysée depuis 75 jours par une grève illimitée des travailleurs, affiliés à la section syndicale UGTA, qui réclament le départ «immédiat et inconditionnel du directeur général», nommé il y a à peine sept mois. Une grève qui a coûté, selon les estimations des syndicalistes et de la direction, un manque à gagner de 4 millions DA par jour. La Centrale syndicale plus que jamais interpellée Face à cet imbroglio, chaque partie tire la couverture à soi devant un silence incompréhensible des pouvoirs publics et de la Centrale syndicale, censés pourtant protéger ce joyau de l'industrie du meuble. Dans une note adressée la semaine dernière à l'ensemble des travailleurs, la direction de l'entreprise, par le biais de son directeur, qui semble être toujours en poste, a appelé les travailleurs «à rejoindre leurs postes de travail et s'engage à prendre en charge leurs préoccupations socioprofessionnelles pour préserver la pérennité de l'entreprise». La direction de l'entreprise a souligné que la grève des employés est «illégale comme prononcé par le tribunal de Larbaâ Nath Irathen et que le blocage de l'accès à l'entreprise au directeur général est aussi illégal, comme prononcé par le même tribunal et confirmé par la cour de Tizi Ouzou». Selon la même note, «l'entreprise a un manque à gagner de plus de 150 millions de dinars et une perte de sa crédibilité envers ses clients et ses fournisseurs». De son côté, la section syndicale affiliée à l'UGTA a dénoncé, dans une déclaration rendue publique, ce qu'elle qualifie de «déclarations erronées» du directeur général sur la radio de Tizi Ouzou, le 6 janvier dernier, relatives à la décision de justice concernant la grève. «Nous nous indignons contre cette attitude mensongère visant à semer le doute et la confusion entre les travailleurs». Les travailleurs estiment, documents de la justice à l'appui, que «la justice ne s'est jamais prononcée sur la nature de la grève étant donné qu'aucune affaire portant sur ce thème n'a été soulevée et que la justice a rendu un verdict par rapport aux 41 travailleurs ayant refusé l'accès à l'entreprise au directeur». Pour les grévistes, ces 41 travailleurs «ne représentent qu'un huitième des grévistes et le tribunal de Tizi Ouzou s'est déclaré incompétent vis-à-vis de la nature du conflit». Pour les travailleurs de Leader Meubles, «la déclaration du directeur général s'inscrit dans la logique de déstabilisation et de destruction du mouvement entrepris depuis le 29 octobre 2015 à ce jour». Face à cette situation, les représentants des travailleurs ont lancé dernièrement un appel à l'ensemble des sections syndicales des entreprises publiques de la wilaya, affiliées à l'UGTA, afin de les soutenir dans leur cause. A cet effet, nous avons appris d'un syndicaliste de Leader Meubles, qu'une action collective d'envergue est déjà en préparation dans les tout prochains jours. Il s'agirait de la fermeture pure et simple du siège de la wilaya.