Un rendez-vous à ne pas manquer. Mustapha Haddab, universitaire et chef de département communication et culture à l'Institut national des études de stratégie globale (Inesg), animera une conférence aujourd'hui à partir de 17h au Musée national des Beaux-Arts du Hamma à Alger. Cette rencontre aura pour thématique générale la «Critique de l'islamologie traditionnelle et propositions des faits des textes islamiques chez Mohamed Arkoun». Première étape de ce rendez-vous, l'universitaire interviendra notamment sur les moments les plus significatifs de la trajectoire sociale de Mohamed Arkoun. Mustapha Haddab retracera entre autre l'itinéraire de Mohamed Arkoun en partant d'abord de son cursus dans l'enseignement pour aboutir à ses recherches et efforts pour la construction d'une méthodologie spécifique appliquée à l'étude des données historiques, des exégétiques, sociales et anthropologiques de l'islam. Par ailleurs, le chef de département à l'Inesg abordera l'approche proposée par Mohamed Arkoun concernant les textes et les faits de la civilisation islamique liés aux thèses des processus historiques en rapport avec les sciences sociales contemporaines, le politique, les idéologies… Pour Mohamed Arkoun, il est certain que la conscience collective musulmane actuelle ne connaît pas cette rupture psycho-culturelle qu'on constate depuis au moins le XIXe siècle dans l'Occident sécularisé. Mais il faut se garder d'attribuer cette différence à une résistance au mouvement de laïcisation plus efficace en islam qu'en chrétienté. La catégorie théo-anthropologique de la Révélation est identique pour les trois religions du Livre, mais elle a connu des assauts différents de la part de la raison scientifique et de la civilisation industrielle. Cela ne veut pas dire non plus que le passage à la laïcité entraînant la marginalisation, voire l'élimination de la théologie par l'anthropologie, est une évolution inéluctable que doit connaître l'islam après le christianisme. Cette conception des sociétés islamiques, confrontées non seulement aux bouleversements dans le monde arabe et à l'Occident, est plus que jamais d'actualité. Pour rappel, Mohamed Arkoun, décédé en septembre 2010 à Paris, en France, était notamment connu pour son humanisme. Il était un militant actif pour le dialogue entre les religions, les peuples et les hommes. Il était également reconnu pour avoir été un spécialiste de l'islam. Il plaidait inlassablement pour une religion musulmane repensée et en adéquation avec la modernité. Grâce à ses travaux sur l'œuvre de l'historien et philosophe perse du premier millénaire, Ibn Miskawayh, du courant humaniste musulman, et sa traduction de Tahdhib al-Ahklaq wa Tathir al-Araq en Traité d'éthique, Mohamed Arkoun devient populaire. Il est l'auteur de nombreux ouvrages en français, en anglais et en arabe, de sociologie religieuse consacrés à l'islam dont L'Islam, morale et politique (1986), Ouvertures sur l'islam (1992), et Penser l'islam aujourd'hui (1993). Ses travaux ont été publiés dans de nombreux journaux universitaires et traduits en plusieurs langues.