Les cours du pétrole ont repassé hier la barre des 70 dollars le baril, plus franchie depuis début novembre 2008, après l'annonce d'un ralentissement plus fort que prévu des pertes d'emploi aux Etats-Unis, un nouvel indice en faveur de la reprise économique. L'économie américaine a détruit en mai beaucoup moins d'emplois que les mois précédents et moins que prévu par les économistes, mais le taux de chômage a fait néanmoins un bond inquiétant, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail. Très attendu, cet indicateur a galvanisé le marché pétrolier, emmenant les cours du pétrole à 70,32 dollars à New York, un plus haut depuis le 4 novembre 2008. A Londres, le prix du brent de la mer du Nord s'est envolé à 69,91 dollars. Au cours des dernières séances, un nouvel état d'esprit s'est installé sur le marché : les investisseurs parient que la reprise économique va relancer la demande et éponger les surplus faisant ressurgir d'ici à deux ans le spectre de pénuries d'énergie. Les chiffres de l'emploi US ont conforté chez les investisseurs l'espoir que la reprise est en vue. La banque américaine Goldman Sachs a relevé par ailleurs de 23 dollars, à 75 dollars le baril, son pronostic de prix du pétrole pour les trois mois à venir, jugeant jeudi que l'envolée récente des cours n'est que le prélude à un mouvement continu de hausse sur les dix-huit prochains mois. En moyenne, sur les 12 prochains mois, le baril devrait évoluer autour de 90 dollars (contre 70 dollars selon leurs précédentes estimations). Sur la seconde moitié de l'année 2010, ils anticipent «un retour possible à des pénuries d'énergie». En effet, ils soulignent que, d'une part, les capacités excédentaires de production de l'Opep diminueront, tandis que hors Opep, la production sera limitée par des investissements insuffisants. Cependant, l'absence de nouveaux investissements en raison de la faiblesse des cours actuels du pétrole pourrait radicalement changer dans les prochaines années la situation sur le marché énergétique qui se traduira par une flambée des prix du brut, a estimé hier le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, chargé de l'Energie. M. Setchine qui s'exprimait lors du Forum économique international qui s'est ouvert jeudi à Saint-Pétersbourg, a averti que «les risques de repli des cours du pétrole restent élevés» au vu de l'évolution des économies de certains pays comme la Chine et l'Inde. Or, la faiblesse des cours ne permet pas de nouveaux investissements, notamment en matière de prospection et de mise en valeur de nouveaux gisements, ce qui ne tardera pas à provoquer une hausse vertigineuse des prix du brut sur le marché international, a-t-il soutenu.