Obama a-t-il entrepris à partir du Caire la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie géopolitique au Proche-Orient dont il a dressé les contours tout le long de son dernier discours Cette question taraude les esprits des observateurs les plus avertis tant le nouveau président américain appréhende les grands dossiers internationaux avec une approche, des «convictions» et un style nouveaux que les analystes ne semblent pas avoir pleinement assimilés. De plus, Obama n'a annoncé, du moins pour le moment, aucune action à entreprendre pour concrétiser sur le terrain sa nouvelle vision des affaires du monde. Il n'empêche que le message délivré dans la capitale égyptienne participe de cette nouvelle démarche, bien qu'il ait été perçu à forte portée symbolique à travers le monde arabo-musulman et au-delà, car véhiculant des valeurs universelles articulées autour des nobles notions que sont la paix, le respect, la tolérance, la dignité et la justice. Autant de valeurs prescrites par le Coran auquel il a fait référence pour mieux signifier la haute considération qu'il confère aux croyances religieuses des musulmans, mais aussi le profond respect qu'il cultive en direction de la religion de son propre père. Sans se démarquer d'une connaissance objective de l'état actuel des relations internationales, Obama n'en a pas moins inscrit le contenu global de son intervention dans une perspective positive, appelant au concours de tous pour y parvenir. Il a ainsi exposé les axes dominants de la politique qu'il compte développer pour instaurer un nouveau type de relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, basées sur le soutien aux droits légitimes des Palestiniens, la tolérance, le respect des cultures et des civilisations et la préservation des intérêts de tous. «Le cycle de la méfiance et de la discorde doit s'achever» Dans son discours mis en valeur par une promotion politico-médiatique hors norme et répercuté aux quatre coins de la planète à travers les chaînes radio, les chaînes de télévision et des dizaines de sites internet, le chef de l'Etat américain a pris soin de s'inscrire aux antipodes des positions affichées par son prédécesseur à l'origine, entre autres, «d'une rupture brutale» entre les Etats-Unis et le monde islamique. Il a notamment révélé, à travers ses propos, que l'épisode Bush, caractérisé par tant d'errements sur une longue période de huit années, est désormais achevé pour ouvrir la voie à une nouvelle ère de paix et de stabilité, soutenant que «le cycle de la méfiance et de la discorde doit s'achever». Les intentions du président américain sont certes louables et méritent, selon les observateurs, que toutes les parties se mettent autour d'une même table pour s'inscrire dans la vision futuriste qu'il prône et adhérer à la mise en œuvre des principaux changements qui doivent accompagner sa nouvelle politique, notamment au Proche-Orient. Une première Le principal indicateur porte sur son insistance pour mettre un terme à la colonisation israélienne sous toutes ses formes en Palestine. «Il est temps que cette colonisation cesse (…) Beaucoup de Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés. Ils vivent au quotidien l'humiliation», a-t-il indiqué. Cette situation est «intolérable», a-t-il soutenu, accusant au passage Israël de «nuire aux efforts de paix» et de «violer les accords établis». Et pour mieux soutenir ses dires, Obama déclare que son pays ne «tournera pas le dos aux droits naturels et légitimes du peuple palestinien». Une première dans les propos d'un président américain. Jamais en fait un locataire de la Maison-Blanche n'a soutenu avec autant de conviction la nécessité de rétablir les Palestiniens dans leurs droits légitimes et plaidé pour la création de leur propre Etat libre et indépendant de toute forme de tutelle, aux côtés d'Israël. Le chef de la première puissance mondiale a par ailleurs soutenu que tous les pays «ont le droit d'accéder à la puissance nucléaire pacifique», conformément au Traité de non-prolifération nucléaire, appelant dans ce contexte à l'arrêt de la course aux armements nucléaires au Moyen-Orient pour éviter de conduire «cette région et le monde sur une voie extrêmement dangereuse». En la matière, et compte tenu de la nouvelle dynamique qu'il compte développer, les spécialistes de cette question estiment toutefois qu'il devrait «s'intéresser» au plus près à l'arsenal nucléaire détenu par Israël, selon le principe de l'égalité de traitement. Le message adressé par Obama au monde arabo-musulman et par extension à toute la communauté internationale a été majoritairement bien accueilli par les populations et les grands acteurs de la scène politique mondiale. Et si les uns et les autres ont estimé que le chef de l'Etat américain a fait dans «la sincérité, la franchise, l'honnêteté et le réalisme» pour examiner et traiter les grands dossiers internationaux dans une «perspective de paix et de justice», il n'en demeure pas moins qu'Obama ne sera véritablement «jugé» que sur la base d'actes concrets.