Netanyahu a cadenassé les issues pouvant déboucher sur un règlement du conflit israélo-palestinien acceptable par toutes les parties, et clairement réaffirmé son rejet de l'émergence d'un Etat palestinien doté de tous les attributs de la souveraineté. Au terme du discours qu'il a prononcé dimanche en réponse aux demandes formulées par Barack Obama pour activer l'ínstauration de la paix au Proche-Orient, le premier ministre israélien a affiché une posture qui tourne définitivement le dos à toute initiative de réconciliation dans cette région. Rejetant la création d'un Etat palestinien indépendant, refusant le gel de la colonisation des territoires, excluant le retour des réfugiés à leur terre ancestrale et décidant de faire d'El Qods la capitale d'Israël, Netanyahu affiche une nouvelle fois son Intransigeance, son arrogance et son mépris face aux efforts plus ou moins soutenus que développe la communauté internationale pour instaurer un climat favorable à l'amorce de véritables négociations israélo-palestiniennes. De plus, il a énoncé plusieurs conditions, totalement inacceptables les unes et les autres par la partie palestinienne, pour daigner s'asseoir autour d'une table de discussions avec des responsables palestiniens. En préalable, il a, entre autres, exigé la création d'un Etat palestinien «démilitarisé» et la reconnaissance d'Israël en tant que «nation du peuple juif». Certes, les propos redondants du chef de l'exécutif israélien ne font pas dans la nouveauté. Ils interviennent cependant dans un contexte nouveau caractérisé par le dernier discours du président américain Barack Obama adressé au monde arabo-musulman. Ce dernier avait, rappelle-t-on, exprimé des positions «fortes et courageuses» articulées autour de la reconnaissance de tous les droits des palestiniens et de la nécessité de veiller à leur entière application. En fait, de nombreux observateurs estiment que Netanyahu a nettement défié Obama en s'opposant à la démarche que celui-ci compte mettre en œuvre dans le but de soutenir la création d'un Etat palestinien indépendant et souverain aux côtés d'Israël et de mettre fin à la politique des colonies en Palestine. La volonté exprimée par le locataire de la Maison-Blanche soutenant que son pays ne «tournera pas le dos aux droits naturels et légitimes du peuple palestinien» ne paraît pas avoir produit l'effet escompté sur les dirigeants israéliens. Du moins en l'état actuel des choses. Mieux, Obama a rapidement salué le «pas en avant» de Netanyahu pour avoir accepté le principe de la création d'un état palestinien. Un Etat dont les grands et petits contours seront codifiés, supervisés et contrôlés par Israël selon la vision développée par le premier ministre hébreu. La sortie du président américain a fatalement jeté un froid dans les rues des pays arabes et musulmans ainsi qu'au sein des cercles politiques et médiatiques qui militent pour l'instauration de la paix au Proche Orient. Elle se situe à l'opposé du contenu de son discours du Caire et «assombrit» quelque peu la «clarté» des positions qu'il avait exposées avec panache dans le souci de rétablir les droits légitimes des palestiniens. Le fort courant d'espoir engendré par le discours d'Obama s'est rapidement estompé pour laisser place à la réalité implacable du terrain engendrée par l'incontournable alliance americano-israélienne dans la région. En réaction, les palestiniens ont dénoncé avec force la «stratégie» israélienne. Abou Roudeïna, porte-parole du président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbès, a estimé que les propos de Netanyahu «torpillent toutes les initiatives, paralysent tous les efforts en cours et défient les positions palestiniennes, arabes et américaines», tandis que le mouvement palestinien Hamas s'est élevé contre le caractère «raciste et extrémiste» dont fait étalage le chef de l'exécutif hébreu. En prolongement et pour mieux défendre leurs intérêts, les palestiniens ont enfin décidé d'unifier leurs rangs. Des représentants du Fatah et de Hamas tiennent des réunions depuis plusieurs jours à Ramallah pour aplanir leurs différends et aboutir à un accord global consacrant la réconciliation, avant le 7 juillet prochain, veille de l'ouverture de la session du dialogue national interpalestinien. «Nous voulons la fin de la division le plus tôt possible, car les clivages palestiniens constituent une arme efficace détenue par Netanyahu pour saper les efforts pour la paix» a indiqué le chef de la délégation du Fatah, Azzam El Ahmed, reflétant l'état d'esprit qui domine le déroulement des discussions interpalestiennes pour présenter un front commun face à l'intransigeance israélienne.