La grave situation économique que traverse actuellement le pays pousse les autorités publiques à repenser le fonctionnement de l'université. Le ministre de l'Enseignement supérieur a évoqué hier le rôle des chercheurs algériens, des compétences confinées aujourd'hui dans des structures universitaires qui n'ont aucun lien avec la sphère économique. Profitant des journées portes ouvertes sur la recherche appliquée, Tahar Hadjar a insisté sur l'importance de la recherche scientifique pour le développement du secteur économique. «Dans les pays développés, les 2/3 des chercheurs activent dans les secteurs économiques et sociaux, alors qu'en Algérie, 95% des chercheurs activent dans des centres relevant du secteur de l'enseignement supérieur», a-t-il indiqué en présence du ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, et du Directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel. Un état de fait qu'il faut absolument changer, a soutenu le ministre, plaidant pour la mise en place de passerelles entre les deux secteurs : université et secteur économique. La loi portant orientation de la recherche scientifique, adoptée récemment, devra opérer ce changement, précise-t-il. Cette loi consacre le concept du «doctorat en entreprise» et qui donne, entre autres, la possibilité de créer des structures communes aux universités et au secteur économique. De son côté, le directeur du Centre de recherche en technologies industrielles (CRTI), Mostepha Yahi, a évoqué la plus récente des réalisations du centre, le drone algérien AMEL2-700. Il s'agit du premier prototype à avoir réussi à décoller en novembre dernier. «AMEL2-700 constitue plus une plate-forme d'étude qu'un produit (…) Cette plate-forme va stimuler et encourager ce domaine dans le milieu universitaire et dans la formation professionnelle. C'est donc le début d'une expérience que souhaite mener le CRTI avec le soutien fort de la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique», a-t-il annoncé. Il a exprimé sa pleine disposition à mettre les innovations du centre au profit des entreprises algériennes avec pour finalité de faire de l'économie nationale «une économie compétitive». Parmi les nouvelles créations du CRTI présentées hier, on peut citer la grue dite «à montage automatisé», actuellement à l'état de prototype, mais dont la version finale, d'une hauteur de 18 mètres, pourrait soulever des charges dont le poids peut atteindre 1,8 tonne. D'autre part, un véhicule 4X4 miniature télécommandé destiné à explorer des zones trop dangereuses pour l'homme a été également présenté. Ce véhicule susceptible d'être doté de caméras et d'un bras articulé peut être utilisé par l'industrie minière par exemple. Un projet pour améliorer la qualité du minerai de Gara Djebilet Par ailleurs, des ingénieurs de l'Unité de recherches appliquées en sidérurgie et en métallurgies (Urasm), une filiale du CRTI à Annaba, travaillent actuellement sur la séparation des molécules de phosphore et de fer du gisement de fer Gara Djebilet (Tindouf), l'objectif final étant d'obtenir du fer et de l'acier de meilleure qualité. «La qualité du fer et de l'acier est meilleure lorsque l'on parvient à séparer les molécules de phosphore du fer et les chercheurs de l'Urasm font des travaux dans ce sens», a déclaré à l'APS M. Ramzi Boulkroune, ingénieur de soutien à la recherche au niveau de cette unité. «La séparation entre ces deux éléments chimiques est plus facile sur les minerais d' Ouenza (Tébessa) par exemple. Mais celui de Gara Djebilet, très abondant, est un peu plus compliqué», poursuit l'ingénieur. Il se dit néanmoins optimiste, car de nouveaux équipements acquis par l'Urasm ouvrent à présent de nouvelles perspectives.