La dépendance au pétrole de l'économie vénézuélienne est extrême. La chute des prix du pétrole a considérablement diminué ses rentrées monétaires. Ce pays tente, depuis quelques jours, de convoquer une réunion d'urgence de l'Opep, mais ses tentatives ont été jusque-là vouées à l'échec. La dernière réunion extraordinaire convoquée dans un contexte de baisse des prix remonte à 2008. Le cartel avait alors décidé une réduction sans précédent de sa production, et les prix avaient doublé en moins d'un an. Cette fois-ci, ce scénario risque de ne pas se reproduire face à «l'entêtement» du premier producteur mondial, à savoir l'Arabie saoudite. «Le Venezuela a demandé une réunion extraordinaire», selon un délégué d'un pays membre de l'Opep cité hier par l'agence Reuters. Celle-ci a ajouté que quatre autres délégués de l'Opep ont affirmé qu'une telle éventualité était peu probable. Les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, se sont opposés à de précédentes demandes de réunions d'urgence. La prochaine réunion ministérielle de l'Opep n'est pas prévue avant le mois de juin. Pourquoi le Venezuela n'a-t-il pas pu, pour l'instant, provoquer une telle réunion ? Cette situation est due aux statuts de l'Opep qui stipulent qu'une majorité simple parmi les 13 Etats membres suffit pour convoquer une réunion extraordinaire. Mais dans les faits, c'est impossible sans le soutien de l'Arabie saoudite et des autres principaux producteurs, selon les délégués des pays membres du cartel, cités par la même source. Le coup terrible de la baisse des recettes de ce pays porté aux importations a entraîné la pénurie de nombreux produits de première nécessité. Et cette situation a conduit à un taux d'inflation incontrôlé, au point que la Banque centrale du Venezuela se refuse à communiquer cette année les chiffres relatifs à l'augmentation des prix. La Russie est également dans une situation quasi similaire. Avec la moitié de ses recettes budgétaires retirées de l'exportation de pétrole, la Russie paye également la chute des prix de l'or noir. Indicateur marquant, l'impressionnante dégringolade du rouble, monnaie dans laquelle la confiance des acteurs économiques a chuté du fait du recul du prix du baril de brut. Face à cette conjoncture pas du tout favorable, ces deux grands exportateurs de pétrole veulent engager une action commune pour réduire la production et redresser les prix, assure le président vénézuélien. Selon les agences de presse spécialisées, Nicolas Maduro, le président vénézuélien, a affirmé vendredi dernier qu'il s'était mis d'accord avec son homologue russe, Vladimir Poutine, pour travailler ensemble à enrayer la chute des cours du pétrole qui frappe durement les deux pays. «Sans aucun doute, nous allons défendre le marché. Nous nous sommes mis d'accord avec le président Vladimir Poutine pour continuer de travailler à une vision et un plan communs», selon le président vénézuélien lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprise. Nicolas Maduro a expliqué s'être entretenu par téléphone avec son homologue russe au sujet de «la situation du marché pétrolier». Coordonner les efforts des pays membres de l'Opep pour provoquer une réunion d'urgence portera-t-il ses fruits ? L'avenir nous le dira.