Le DRS est mort, place à la DSS. Comme il fallait bien s'y attendre, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) rejoint officiellement le «cimetière» des sigles arrivés à expiration. Le président de la République qui a entamé depuis une année une vaste opération de restructuration des «services» avec comme point d'orgue le limogeage de son mythe, le généralissime Mohamed Mediène dit Toufik, vient de signer l'acte de décès de ce corps. Ces trois syllabes (DRS) qui font trembler de nombreux Algériens un quart de siècle durant, ne résonneront plus et n'existent plus. C'est un ouf de soulagement pour ceux qui ont eu à se retrouver, pour une raison ou une autre, entre les fourches caudines de ce corps de sécurité absolument hors contrôle, et qui évoluait comme un Etat parallèle grâce à la toile d'araignée qu'il a tissée dans toute la société. Pour d'autres initiés plutôt nostalgiques, c'est évidemment un effet boomerang que cette nouvelle provoquerait chez eux de pouvoir perdre un parapluie militaires qui leur donnait cette ivresse de puissance. Quoi qu'il en soit, ils ne seront pas des millions d'Algériens à se sentir désormais orphelins de l'omnipotent DRS qui n'est plus qu'un souvenir d'un département du ministère de la Défense nationale qui a incroyablement réussi à supplanter toutes les institutions de l'Etat. A vrai dire, depuis le 13 septembre 2015, date du limogeage de son patron, le général Toufik, qui s'est confondu avec cette ténébreuse structure, le DRS n'était plus qu'une coquille vide. Pour avoir été dépouillé de ses structures les plus sensibles, et de sa capacité de frappe (le GIS), l'enfant légitime de la redoutable sécurité militaire n'est plus que l'ombre de son ancien patron. Toufik que les Algériens craignaient plus que le bon Dieu, a été limogé avec une facilité déconcertante par un laconique communiqué de la Présidence. Il ne s'est rien passé de grave. L'homme a encaissé et s'en est allé jouir de sa retraite sans opposer une riposte comme le laissaient suggérer ses supporters terriblement choqués de voir leur poulain partir aussi simplement. Et tant mieux que son départ, du reste attendu, se soit déroulé dans la sérénité. Il restait tout de même ce sigle – DRS – qui tenait comme un totem dans le paysage institutionnel algérien. La DSS pour changer de visage En décidant de le dissoudre, le président Bouteflika a sans doute voulu acter la mort symbolique du DRS tel qu'il a existé 25 ans durant. C'est une sorte de choc (ou de contrechoc) psychologique destiné à enterrer une époque pas très glorieuse d'un service de renseignement qui dispose d'un… Etat, et non l'inverse. Vue sous cet angle, la mort du DRS est une bonne nouvelle, pour peu qu'elle entraîne avec elle celle de sa fonction de police politique qui a gravement retardé la démocratisation de la vie nationale. Sémantiquement et symboliquement, la réduction de la nouvelle structure créée sur les décombres du DRS, à un niveau d'une «direction», est déjà un signe d'un recentrage autour des missions d'origine. Ce n'est plus un département mais une direction. Et puis, la nouvelle appellation : «Direction des services de sécurité» (DSS), ne donne pas de frissons au prononcé… Celle-ci, chapeautée par le général-major Bachir Athmane Tartag, devrait, selon les informations fuitées, travailler en coordination avec la Gendarmerie nationale et la police. Une mission somme toute conforme à ce qui se fait ailleurs en la matière. Il y est précisé aussi que cette fameuse DSS, qui va coiffer trois sous-directions chargés respectivement de la «sécurité intérieure, de la sécurité extérieure et une direction technique», relèvera directement de l'autorité du président de la République. C'est au demeurant le schéma de travail en vogue dans toutes les démocraties du monde. Il faut juste espérer que ce changement de sigle et d'attributions soit accompagné de pratiques saines pour enterrer pour de vrai le fantôme du DRS. C'est une exigence indépassable de «l'Etat civil».