Les actions des forces aérospatiales russes en Syrie ont permis d'inverser la situation dans ce pays, a estimé hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse à Moscou. «Suite à cela, le tableau de ce qui se passe dans le pays est devenu beaucoup plus clair, permettant de voir qui lutte contre les djihadistes, qui les soutient et qui essaie de les utiliser pour atteindre ses objectifs unilatéraux et égoïstes», a ajouté le chef de la diplomatie russe. Les frappes aériennes russes ont ciblé des camps de Daech et de Djabhat Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda. La Russie s'est également intéressée au pétrole vendu par Daech puisque les frappes ont également ciblé des convois de cette organisation terroriste de transport de pétrole subtilisé de champs pétroliers syriens, le pétrole étant l'une des sources de financement de Daech. D'autre part, les négociations de paix sur la Syrie, qui devaient débuter lundi à Genève sous l'égide de l'ONU, sont renvoyées au vendredi 29 janvier, en raison de désaccords sur la composition des délégations. Ce renvoi est dû à «un blocage» sur la composition des délégations, a expliqué l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, au cours d'une conférence de presse. L'émissaire de l'ONU est depuis plusieurs semaines sous la pression du secrétaire d'Etat américain John Kerry et de son homologue russe Sergueï Lavrov pour faire démarrer les discussions entre Syriens au plus tôt, est-il rapporté. Les pourparlers de Genève doivent porter sur la feuille de route établie en décembre 2015 par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. Les participants discuteront en priorité de «cessez-le-feu» et d'«aide humanitaire», a expliqué Staffan de Mistura, ajoutant que «chaque jour perdu est un jour perdu pour le cessez-le-feu et l'aide humanitaire». Des différends autour de la Constitution de la délégation de l'opposition ne favorisent pas les négociations. La coalition de l'opposition syrienne, la principale composante de l'opposition en exil constituée le mois dernier à Riyad, ne souhaite pas la participation à ces négociations du principal parti kurde et d'autres responsables de l'opposition. La Russie est, de son côté, favorable à la participation de ce parti «pour la réussite des négociations». La coalition nationale de l'opposition a nommé négociateur en chef pour les pourparlers Mohamed Allouche, membre du bureau politique du groupe armé rebelle Djeich Al Islam, soutenu par l'Arabie saoudite. Ce choix a été aussitôt critiqué par les opposants de l'intérieur et par Moscou. Des représentants de l'opposition se seraient rencontrés hier à Riyad pour décider de participer ou non aux pourparlers de Genève. La guerre civile en Syrie, qui dure depuis cinq ans, a déjà donné lieu à deux séries de négociations à Genève, appelées Genève 1 et Genève 2, mais qui n'ont abouti à aucun résultat. Les Syriens ont de grandes attentes mais sont en train «de perdre espoir» sur l'intérêt du monde pour la crise chez eux, a dit mardi à Genève le coordinateur humanitaire de l'ONU sur place. La moitié de ceux qui étaient dans ce pays en 2010 ont fui leur logement. Le conflit en Syrie a probablement provoqué «la crise humanitaire la plus dévastatrice du 21e siècle», a estimé devant la presse Yacoub Al Hillo.