Paru aux éditions Casbah, l'ouvrage, composé de nouvelles, intitulé le Sanglot du chardonneret, de Farid Benyoucef, se décline dans des thématiques sociales d'actualité, comme la corruption, l'exode, la misère, la déréliction et le laxisme. Avec sept nouvelles, dont Telle une fève coupée en deux, Le sanglot du chardonneret, A tombeau ouvert et Le prix et la valeur, Farid Benyoucef nous introduit dans un univers social dur et impitoyable, où seul la cupidité et la fourberie sont érigées en loi. Le Sanglot du chardonneret est une belle saga primée en novembre 2014 qui renvoie à une famille palestinienne vivant dans une belle maisonnette avec jardin dans la bande de Ghaza, en Palestine. Avec la complainte de ce chardonneret qui ponctue leurs journées et les bombes qui explosent, la vie se déroule au rythme de la guerre avec son lot de tueries et de massacres. Perpétuer la vie Cependant, face à ce génocide, Hajjar et Khalil ont une idée de génie. Le chardonneret permet au couple de perpétuer la vie et aux populations de survivre de génération en génération. Une superbe saga pleine d'ingéniosité et de pertinence qui ouvre sur une note d'espoir et d'optimisme pour ce peuple opprimé depuis plusieurs décennies. D'ailleurs, d'autres nouvelles notamment celle intitulée Martel en tête, mettent en exergue le nationalisme de ce gamin de dix années qui subit toutes les humiliations et coups de la part de son maître d'école, enrôlé dans les commandos de l'OAS. Coups et blessures, rien ne résiste à l'entêtement de ce gamin qui a réussi à braver son maître. Dans Cold Case (affaire classée), c'est une société délétère, cupide et concupiscente face à la misère des pauvres hères. L'auteur dénonce la hogra et l'injustice. La nouvelle, Le prix et la valeur, rappelle que tout homme a un prix et peut être corruptible. A ce niveau, il nous montre que les valeurs morales et les qualités de cœur ont pris la clé des champs. Ces sept nouvelles dénoncent la société actuelle dédaigneuse et froide empreinte d'injustice, de prévarications et d'impéritie. Pour l'auteur, «l'homme est un loup pour l'homme», selon la formule de Hobbes. Dans cette perspective, Rousseau qui impute à la société de corrompre l'homme ne peut être aussi désavoué. Quoi qu'il en soit, l'écrivain dévoile qu'en tout homme, la dualité du bien et du mal cohabite aisément. D'une grande maîtrise d'écriture, avec un vocabulaire riche et varié et une hauteur de vue, l'auteur plaide pour l'homme et la société. Avec des phrases succinctes, des mots appropriés où le verbe prend tout son sens, Farid Benyoucef interpelle tout un chacun. Il dissèque sans complaisance la société. Sans verser dans un pessimisme aiguisé, l'auteur est d'une grande lucidité et veut témoigner de cette déréliction et décrépitude de la société. Il désapprouve et déplore une société sombre où la vision manichéiste semble primer. Solidarité De tous ces textes émane un souhait, celui de l'auteur qui aspire à une société où règne la solidarité, la magnanimité et l'amour. Ce recueil fort intéressant dévoile un auteur dont le sens de l'observation et la profondeur d'analyse méritent d'être soulignés. On est agréablement étonné de découvrir un auteur à l'art majeur. Professeur en économie financière à l'université d'Alger et consultant auprès d'institutions nationales et internationales, Farid Benyoucef semble captivé par tout ce qui a trait à l'homme et à la société. Un livre à lire avec beaucoup de plaisir.