L'organisation Human Rights Watch (HRW) a estimé hier que la demande saoudienne à l'ONU d'éloigner le personnel humanitaire des zones de combat au Yémen ne dispensait pas Riyad de son obligation de protéger les humanitaires. L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition militaire arabe qui intervient depuis mars 2015 au Yémen, a demandé la semaine dernière à l'ONU – qui a refusé – d'éloigner le personnel humanitaire des zones contrôlées par les rebelles chiites pro-iraniens au Yémen au moment où la coalition amplifie ses frappes aériennes contre ces insurgés appelés Houthis. «Les avertissements ne dispensent pas la coalition menée par l'Arabie saoudite de ses obligations légales de protéger le personnel et les installations humanitaires des frappes», écrit l'organisation de défense des droits de l'homme dans un communiqué. «Un avertissement ne justifie pas une frappe aérienne illégale», précise James Ross, directeur juridique et politique à HRW. «Ils (les Saoudiens) ne peuvent pas se dérober à leur responsabilité en blâmant les agences d'aide qui ont du mal à répondre à l'aggravation de la crise» au Yémen, ajoute-t-il. Le gouvernement saoudien devrait renoncer à sa demande, formulée dans une lettre le 5 février à l'ONU, et annoncer que «conformément à ses obligations en matière de droit humanitaire, la coalition prendra toutes les mesures possibles pour minimiser les pertes civiles et faciliter l'accès à l'aide humanitaire», souligne Human Rights Watch. Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, avait indiqué, dans une lettre de réponse à l'ambassadeur saoudien Abdallah Al Mouallimi, que les organisations humanitaires «procurent une assistance vitale en vertu des principes internationalement reconnus et continueront à le faire». Les Nations unies ont eu plusieurs différends avec Riyad concernant l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen où 80% de la population souffre de graves pénuries alimentaires et médicales. Depuis l'intervention de la coalition au Yémen en mars 2015, le conflit au Yémen a fait plus de 6100 morts, dont près de la moitié de civils, selon les dernières estimations de l'ONU.