Les Libanais affluaient en masse hier dans les bureaux de vote pour élire leur Parlement, lors de législatives cruciales qui pourraient voir le camp mené par le Hezbollah ravir la majorité à l'alliance appuyée par l'Occident. Près de 50 000 soldats et policiers ont été déployés dans l'ensemble du territoire pour parer à tout incident. Des chars de l'armée étaient visibles dans les rues. A Beyrouth et dans les grandes villes, des milliers de personnes attendaient dès les premières heures du matin devant les bureaux de vote, avant même leur ouverture à 07h00 (04h00 GMT). «Il y a une très grande affluence», a indiqué un responsable de la sécurité. «On s'attendait à une participation massive mais pas autant et pas aussi tôt». Des isoloirs ont été ajoutés dans certains bureaux où des bousculades ont eu lieu en raison du grand nombre d'électeurs, selon des correspondants sur place. Des files d'attente interminables étaient visibles devant les bureaux qui ferment à 16h00 GMT. «Aucun incident grave n'a été signalé jusqu'à présent», a déclaré le ministre de l'Intérieur Ziad Baroud. Le président Michel Sleimane a appelé les hommes politiques à «baisser le ton de leurs discours», très tendus durant la campagne électorale. La minorité parlementaire conduite par le Hezbollah et soutenue par Damas et Téhéran et la majorité menée par le parti sunnite de Saâd Hariri et appuyée par l'Occident et Ryiad sont engagés dans un bras de fer depuis quatre ans qui a failli plonger le pays dans une nouvelle guerre civile en 2008. D'après les sondages, la bataille sera serrée et se jouera sur une trentaine de sièges, notamment dans les régions chrétiennes où les électeurs sont divisés entre les deux camps. «Je viens du Brésil spécialement pour voter pour les Forces libanaises (chrétiens, majorité) car la concurrence est rude», assure Oum Tony, 65 ans, dans la ville de Zahlé, à majorité chrétienne. «Si le général Michel Aoun ne gagne pas, ce sera la fin du Liban», assure en revanche Sleimane, également habitant de Zahlé, en référence à l'allié chrétien du Hezbollah. Le scrutin est supervisé par plus de 200 observateurs internationaux venus notamment du Centre Carter. «Je n'ai pas d'inquiétudes concernant les élections. Notre souci est que les Libanais acceptent le résultat», a affirmé l'ancien président américain Jimmy Carter. Appréhensions israéliennes Quelque 3,2 millions de Libanais sont appelés aux urnes et des milliers d'expatriés sont rentrés pour voter. Plusieurs ministres israéliens ont mis en garde contre une possible victoire du Hezbollah. «Si le Hezbollah remporte les élections, cela va créer une nouvelle entité iranienne au Moyen-Orient après celle du Hamas» à Ghaza, a affirmé le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz, dont le pays n'a pas été en mesure de venir à bout du Hezbollah lors de la guerre de 2006.