Parce qu'elles nous suggèrent un niveau de gravité bien en deçà de la réalité, certaines informations sont plutôt… réconfortantes même si, dans l'absolu, il y a de quoi s'en inquiéter ! Il en est ainsi de cet entrefilet publié dans son édition d'hier par notre confrère Liberté qui aurait pu passer inaperçu, les choses étant au point où elles sont. L'information faisait état d'un lycéen de Touggourt qui a agressé son professeur. Encore heureux que ce genre d'information mérite l'attention d'un correspondant local ! Sa publication n'a pas soulevé la vague d'indignation qui, comme ailleurs, aurait suscité ou relancé le débat mais c'est toujours ça de pris, ils doivent être nombreux ceux qui se demandent en quoi un élève qui s'en prend violemment à son professeur peut constituer une «information» ! Et ils ne doivent pas manquer d'argument. S'il fallait trouver une case ou placer ce fait – divers ? – on serait plus proche du train qui arrive à l'heure que du train qui fait du retard ! Des lycéens qui agressent leurs professeurs, ça arrive tous les jours et dans tous les coins du pays. La différence, c'est qu'il n'y a pas tous les jours des victimes suffisamment dignes et courageuses pour la porter sur la place publique. Il n'y a pas tous les jours des directeurs d'établissement qui assument leur responsabilité en prenant les mesures qui s'imposent en la circonstance. Il n'y a pas tous les jours des représentants de la force publique qui agissent en conséquence. Il n'y a pas tous les jours des professeurs susceptibles de s'indigner face à la violence faite à un collègue au point de débrayer, même symboliquement, comme c'est le cas dans ce lycée de Touggourt. Et la violence, elle n'est pas seulement le fait de mauvais garçons marginaux qui n'arrivent pas toujours à contrôler leurs élans irrités. Elle est au cœur de l'école. Dans le dispositif général, dans la curée des programmes plus orientés vers le rigorisme religieux, la tentation de la réussite sans effort et l'éloge du passe-droit plutôt que vers l'acquisition des connaissances et de la préparation à la citoyenneté. La quête à tout prix d'une paix factice fera le reste. La drogue se vend au portail quand ce n'est pas dans la cour et on se tait sous prétexte qu'il n'y a que des victimes dans l'affaire. Les femmes enseignantes subissent à chaque cours de violentes… leçons de morale les sommant de s'habiller «décemment», de ne pas se maquiller ou de ne pas… parler en français même quand elles sont profs de français ! Tout cela, ce sont des trains qui arrivent à l'heure et ça ne fait pas une information. Ça aurait pu mais les trains n'arrivent jamais à l'heure, dans ce pays. Il y a donc trop d'infos pour s'arrêter sur un lycéen qui agresse son prof. A Touggourt ou à Aïn Témouchent. Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.