«Le nombre de Sahraouis emprisonnés ou portés disparus dans les territoires occupés au Sahara occidental ne cesse de s'accroître, s'indigne le représentant du Front Polisario aux Nations unies, Khatri Addouh. En plus des personnes enfermées dans les prisons d'Aït Melloul, Tizenit, l'Khel et Laouyoun plus de 6000 autres personnes n'ont pas donné signe de vie, assure le diplomate sahraoui. Une inquiétude qu'a exprimée hier le représentant du Front Polisario à l'ONU à la veille de la visite, tant attendu, de Ban Ki-moon prévu, a-t- on appris de source sûre, le 7 mars prochain. «Nous avons eu la confirmation officielle de la visite qui fait toujours objet de blocage de la part du Maroc», a annone non sans fierté Khatri Addouh. L'objectif de cette visite inédite étant de pousser le processus de négociation et s'entendre sur une solution pacifique à la question du Sahara occidental. Le diplomate espère que la tournée de Ban Ki-moon soit «porteuse d'un message» pour le Maroc. En effet, la stratégie du royaume a été depuis le début du mandat de ce dernier à la tête de l'ONU, de bloquer tout progrès dans le règlement du conflit au Sahara occidental occupé. «Nos frères marocains doivent comprendre une fois pour toutes la nécessité de reconnaître leur erreur à l'encontre du peuple sahraouis d'envahir un territoire qui ne leur appartienne pas au détriment de la légalité internationale», souligne le diplomate sahraoui. Et de préciser : «Jusqu'ici, Rabat refuse de donner son accord à l'agenda de la visite proposé par l'ONU.» Occasion pour Khatri Addouh de souligner la position «sans fondement politique, économique, ni même logique» de la France qui soutient sans réserve l'occupant marocain. Un échec pour le makhzen En revanche, le diplomate sahraoui semble apprécier celle des Etats-Unis. Il en veut pour preuve les déclarations de l'ambassadrice Joan Polaschik lors de sa visite, il y a une semaine, dans les camps des réfugiés. «Ses déclarations confirment l'importance qu'accordent les Etats-Unis à la solution juste et durable au-delà de l'importance qu'ils accordent à la question du Sahara occidental dans sa dimension sociale, économique et politique», estime le diplomate. Faut-il rappeler que les Américains n'ont pas cédé au lobbying marocain de vouloir bloquer la visite du SG de l'ONU dans les territoires occupés. Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine a condamné l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental occupé par le Maroc. Le représentant des Sahraouis à l'ONU a rappelé que ces exploitations sont considérées comme «un acte hostile de nature à perpétuer le conflit et asseoir le fait colonial sur le territoire». Ce Conseil a donc réitéré les décisions adoptées par la 25e session ordinaire de la conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine demandant au Conseil de sécurité «d'assumer ses responsabilités et de trouver des réponses aux questions liées au respect des droits de l'homme et à l'exploitation illégale des ressources du Sahara occidental». Les Américains ouvrent les yeux Il rappellera, également, que la Cour européenne a publié son verdict d'arrêter toute coopération et toute convention entre l'Union européenne et le Maroc lorsqu'il s'agit des ressources économiques du Sahara occidental. Et cela commence à donner des résultats, selon Addouh, précisant que «plusieurs pays ont refusé de renouveler les accords». Il citera notamment l'exemple des Pays-Bas qui refusent désormais de renouer les accords avec le Maroc sur les produits importés du territoire du Sahara occidental. «C'est un acquis pour le peuple sahraoui», s'est réjouit le diplomate. Et d'ajouter : «Il n'est pas gigantesque mais la force du droit international a prouvé qu'il peut venir en aide au peuple spolié et éviter les confrontations (armées Ndlr) sur le terrain.» Evoquant les violations des droits de l'homme, le représentant du Polisario a affirmé que les Sahraoui continueront à «résister à la répression de manière pacifique». «Chaque jour il y a des manifestations, des confrontations et des sit-in auxquels le Maroc assiste. C'est une preuve de la résistance du peuple sahraoui», se réjouit-il. «La lutte pour les droits de l'homme est un combat très important surtout ces derniers temps», estime Addouh en marge du coup d'envoi des activités de la célébration du 40e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). De notre envoyée spéciale au Sahara occidental : Thanina Benamer