La communauté internationale excédée par l'acharnement militaire saoudien contre le Yémen réfléchit sur l'interdiction de vente d'armes pour ce pays. Le Parlement européen a réclamé, jeudi dernier, un embargo sur les livraisons d'armes des pays de l'Union européenne à l'Arabie saoudite. Cette demande a été adressée à la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, dans le cadre d'une résolution adoptée par les eurodéputés à une large majorité lors d'une séance plénière à Bruxelles. Les élus du Parlement européen condamnent ainsi «les frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie et le blocus naval qu'elle a imposé au Yémen, qui ont conduit à des milliers de morts, et ont encore déstabilisé davantage» le pays. La société civile exhorte les gouvernements devant assister à une nouvelle série de discussions sur la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes (TCA), à Genève lundi, à en finir avec l'hypocrisie et à cesser de vendre à l'Arabie saoudite des quantités d'armes se chiffrant à des milliards de dollars, qui serviront à attaquer des civils yéménites. Par ailleurs, et dans un nouveau document rendu public hier, la Coalition pour le contrôle des armes indique que l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Monténégro, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie ont déclaré pour l'année 2015 des ventes d'armes et des licences d'exportation (notamment de drones, de bombes, de torpilles, de roquettes et de missiles) vers l'Arabie saoudite pour un montant de 25 milliards de dollars. Il s'agit du genre d'armes actuellement utilisées par l'Arabie saoudite et ses alliés pour commettre des violations flagrantes des droits humains et des crimes de guerre présumés lors d'attaques aériennes et au sol au Yémen, écrit l'organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty international. Nawal Al Maghafi, chercheuse yéménite, qui a été témoin des conséquences de frappes aériennes récentes au Yémen, a indiqué que «des pays arment et aident une campagne qui bombarde, tue et affame des civils», note Amnesty International. «J'ai été témoin de ce que les Yéménites endurent - voir des corps tirés des décombres à Sanaa ou des restes humains parmi les gravats jonchant le site d'une station d'épuration visée par une frappe aérienne à Hajja ou assister à une réception de mariage qui se transforme en funérailles », indique cette yéménite, citée par Amnesty Internationale. « Le Yémen a besoin d'une solution pacifique et négociée. Ses habitants ont besoin d'une assistance humanitaire, pas de nouvelles bombes. Mais ces pays choisissent plutôt de contribuer à l'intensification du conflit, en aidant un régime cruel qui bombarde des civils en toute connaissance de cause. Cela est véritablement criminel. Et ces gouvernements doivent être amenés à répondre de leurs actes», témoigne-t-elle.