Le ministre Russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, arrivera aujourd'hui à Alger, dans un contexte de double crise sécuritaire et énergétique. Les questions d'actualité régionale et internationale, notamment la situation en Libye et en Syrie ainsi que «la lutte contre le terrorisme et l'évolution du marché pétrolier international seront au menu des discussions algéro-russes, indique un communiqué du département de Ramtane Lamamra. La visite de Lavrov à Alger revêt une importance capitale pour les deux pays. «Les Russes veulent sans doute être certains qu'Alger est sur la même longueur d'onde qu'eux, surtout après la visite du secrétaire américain adjoint aux affaires politiques et d'autres personnalités du Golfe juste avant», soutient Djallil Lounas, professeur des relations internationales, qui prévoit des opérations militaires en Libye. Mouloud Idir, politologue, chercheur à l'Université du Québec, estime que Moscou veut se coaliser avec Alger et Le Caire sur le plan régional pour contrer les plans de Washington. En tout cas, l'arrivée du chef de la diplomatie de la deuxième puissance mondiale à Alger intervient au moment où Moscou semble être lancée dans une nouvelle guerre froide contre les USA, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Dans d'un entretien paru hier dans le quotidien L'Expression, Sergueï Lavrov a plaidé pour que la guerre contre le terrorisme se fasse sous l'égide des Nations unies. «Il n'est pas possible de lutter contre le terrorisme de manière efficace que conjointement avec le rôle de coordinateur central les Nations unies», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il est nécessaire de «mettre les ambitions et les différends de côté et (...) de s'allier pour l'anéantissement du groupe terroriste Daech et des autres groupements extrémistes qui ont lancé un défi à la civilisation humaine». Quant à la coopération, notamment celle des pays qui ont été victimes du terrorisme comme l'Algérie et la Russie, le chef de la diplomatie russe a salué la mise en place d'outils à même de faciliter les échanges d'informations. «Nos Etats qui connaissent l'agression terroriste (...) ont accumulé une grande expérience (...)» dans le domaine de la lutte antiterroriste, a estimé Lavrov. «Je suis persuadé que notre travail commun avec les partenaires algériens sur le chemin antiterroriste est appelé à faire un apport utile aux efforts conjoints de la communauté mondiale», a-t-il encore affirmé. La diplomatie russe, qui veut apparemment reconquérir son image d'antan, après avoir déserté la scène au profit des USA, après la fin de la guerre froide, ne compte plus se contenter du rôle d'observateur. Après s'être imposée en Syrie avec son armée, brouillant les cartes des puissances occidentales, Moscou, qui livre désormais une «bataille froide» ouverte à Washington, veut garder un œil éveillé sur la région nord-africaine et du Sahel. Sergueï Lavrov a évoqué également, dans la même interview, la réalisation d'une centrale nucléaire de conception russe. «Dans le cadre de sa réalisation, la session du comité bilatéral pour la coordination dans le domaine de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire est prévue en Algérie du 1 au 3 mars. Au cours de cette rencontre, il est prévu de discuter les possibilités de construction d'une centrale nucléaire de conception russe sur le territoire de la RADP, le développement de l'infrastructure nucléaire de l'Algérie et l'utilisation non énergétique des technologies nucléaires par exemple en médecine.»