Tout est parti d'un article du décret sur ces clubs stipulant qu'il est interdit de payer les joueurs avec l'argent des fonds publics. Des équipes de volley- ball (pas toutes) ont boycotté la journée du championnat national qui s'est déroulée vendredi. Cette réaction fait suite à l'application de l'article 6 du nouveau décret régissant les clubs amateurs, décret par lequel il leur est interdit de rémunérer leurs joueurs considérés, justement, comme des joueurs amateurs et non des professionnels. En fait, ces clubs sont tenus de n'utiliser l'argent qu'ils perçoivent au titre de la subvention de l'Etat, que pour leur prise en charge et surtout la formation des jeunes catégories. La loi n'interdit pas à un club amateur d'avoir dans son effectif des athlètes professionnels à la condition que ceux-ci soient payés avec des fonds qui ne viennent pas du trésor public. On ajoutera que l'article 6 en question interdit même le recours à des primes et indemnités pour récompenser les joueurs amateurs. Il y a quelques semaines de cela, les clubs de basket-ball, de volley-ball et de handball avaient brandi la menace de grève si cet article n'était pas gelé ou abrogé. Mercredi dernier, une délégation conduite par le coordinateur des clubs amateurs, Djamel Benalioua, lui-même président de la section basket-ball du Nasr d'Hussein Dey, a été reçue par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, en vue de discuter des suites à donner à cette affaire. Le ministre s'est montré sensible aux doléances des clubs au point d'accepter la mise en place d'une commission mixte, MJS-Clubs, chargée de suivre le dossier et de proposer des solutions. La première réunion de cette commission est programmée pour aujourd'hui au siège du ministère. On imagine l'étonnement de Djamel Benalioua lorsqu'il a appris la grève de certains clubs de volley-ball lors de la journée de vendredi. «C'est comme si je venais de recevoir un coup de couteau dans le dos, nous a déclaré l'intéressé lorsque nous l'avons eu au téléphone hier matin. Cette grève de quelques clubs de volley-ball aurait été fomentée par le président du club de Bordj Bou Arréridj qui, pourtant, fait partie de notre commission. Il savait que la menace de grève était suspendue puisque ce dimanche on doit se réunir au ministère pour aborder le problème de l'article 6. Dans cette histoire, il faut se garder de verser dans la précipitation et jouer les jusqu'au-boutistes. Le ministre a bien voulu nous recevoir pour nous écouter et accepter la création de la commission mixte pour discuter de l'article 6 mais pas seulement puisqu'il est question d'aborder d'autres problèmes auxquels se heurtent les clubs amateurs. Je suis un légaliste. Je n'ai pas pour habitude de ne pas respecter les institutions du pays. La moindre des choses était de rester en accord avec ce qui a été décidé avec le ministre et de voir par la suite ce qu'il convient de faire. La réunion de la commission mixte n'a même pas eu lieu que déjà des clubs se mettent en grève. Ils nous mettent, par cette démarche, dans la gêne car qu'allons nous dire aux gens du ministère maintenant que la grève a eu lieu ? Je ne sais pas si ce boycott intéresse tous les clubs de volley- ball, en tout cas nous allons continuer à prôner le dialogue car il s'agit du devenir de tous les clubs amateurs. Pas seulement de ceux de nos trois sports collectifs mais de toutes les disciplines sportives.» La concertation comme démarche Selon une source bien informée du ministère de la Jeunesse et des Sports «l'article 6 peut être abrogé, modifié ou retardé dans son application. Rien n'est impossible sans le dialogue et la concertation. Le MJS n'est pas là pour faire la guerre aux clubs». Il y a tout de même le cas du football qui n'a pas été soulevé dans ce dossier. C'est dans ce sport que sont versés les salaires et les primes les plus élevés à des joueurs évoluant dans des clubs amateurs. Le football peut servir de référence pour les clubs des autres disciplines. En effet, les clubs amateurs du football bénéficient d'un fonds de soutien de la part de l'Etat alors que les clubs professionnels disposent d'une aide du même Etat jusqu'en 2018. S'il est vrai qu'il est précisé que l'argent de cette assistance ne doit pas servir à payer les joueurs, il n'en reste pas moins que les clubs amateurs de football, jusqu'au plus petit d'entre eux, paient et indemnisent leurs athlètes. Les pouvoirs publics ne peuvent pas se soucier d'un seul sport, fut-il aussi populaire que le football, et négliger les autres disciplines. Tout est question de juste milieu, qui sied aux intérêts de tous, qu'il va falloir trouver. C'est le devenir du sport algérien qui est en jeu dans cette histoire. De la concertation et un débat fructueux sont nécessaires pour éviter toute issue défavorable.