La Tunisie a connu, hier, un nouvel épisode dans le cauchemardesque feuilleton du terrorisme. Un commando armé a attaqué, tôt hier, des casernes de police et de l'armée à Ben Guerdane, dans le sud-est de la Tunisie, proche de la frontière libyenne. Les fusillades ont fait au moins 54 morts, dont 7 civils, au moins 33 terroristes, dix gendarmes, deux policiers, un douanier et un soldat, d'après les autorités. Le nombre de morts aurait été supérieur si les attaques menées par des terroristes n'ont pas été déjouées, d'après le service de communication du ministère de l'Intérieur. A la suite de cette attaque, les autorités ont imposé dans la ville un couvre-feu nocturne, instauré de 19h à 5h, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Le ministère de l'Intérieur a invité les habitants à rester chez eux tandis que les fusillades se poursuivaient dans le centre de Ben Guerdane, une ville de 60 000 habitants se trouvant à une trentaine de kilomètres de la frontière libyenne. L'agence de presse tunisienne TAP a indiqué que les autorités ont bouclé la station balnéaire de Djerba, non loin de là, et fermé deux postes-frontières avec la Libye. Craignant que le conflit libyen ne déborde sur son territoire, Tunis a creusé une tranchée le long de sa frontière, et des conseillers militaires occidentaux ont entrepris de former les unités de garde-frontières tunisiens. Pas moins de 3000 Tunisiens sont partis combattre dans les rangs de Daech et d'autres organisations terroristes, en Syrie et en Irak. Des experts évoquent le chiffre de 5000 extrémistes tunisiens dans les rangs de ces organisations terroristes. Les responsables des services de sécurité tunisiens parlent de plus en plus du retour de ces extrémistes qui rejoignent des organisations terroristes en Libye et accèdent clandestinement à la frontière tunisienne. Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a condamné une attaque terroriste «sans précédent» et «coordonnée». «Les Tunisiens sont en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer (...) définitivement», a-t-il indiqué dans des propos rapportés par la télévision publique. En Tunisie, les attentats et attaques terroristes ciblent les militaires, les forces de sécurité, les opposants, les touristes et les civils. Il y a quelques mois, un attentat a ciblé la garde présidentielle dans la capitale, tuant une douzaine de personnes. Les autorités tunisiennes avaient indiqué que les explosifs utilisés dans cet attentat provenaient de la Libye. La Tunisie a érigé un mur de sable le long de ses frontières avec la Libye où nombre d'extrémistes tunisiens combattent dans les rangs de la branche libyenne de Daech. La frontière tuniso- libyenne est devenue une poudrière. Les autorités tunisiennes craignent une éventuelle action militaire étrangère contre Daech en Libye, avec la fuite de terroristes en direction de la Tunisie. La Tunisie, qui s'est récemment dotée d'une loi antiterroriste, craint également le retour de ses extrémistes de Syrie et d'Irak. Le ministre tunisien de l'Intérieur a indiqué, il y a quelques mois, que 400 de ces extrémistes sont revenus dans leur pays. D'autres sont morts en combattant aux côtés de Daech et nombre d'extrémistes tunisiens sont toujours en Syrie et en Irak.