Le royaume chérifien panique. La réussite de la visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans la région l'a déstabilisé. Il n'arrive pas à digérer la tournée de Ban Ki-moon dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf et les territoires libérés du Sahara occidental où sont concentrées les forces du Front Polisario et les forces onusiennes de maintien de l'ordre. Ayant échoué dans son entreprise de vouloir empêcher la visite du responsable onusien, le makhzen qui est allé jusqu'à refuser de recevoir Ban Ki-moon au Maroc, observe une posture pathétique : il proteste contre les propos du SG de l'ONU sur la question du Sahara occidental et s'en prend à l'Algérie. Dans un communiqué, le gouvernement marocain a relevé avec «une grande stupéfaction les dérapages verbaux, les faits accomplis et les gestes de complaisance injustifiés du secrétaire général de l'ONU, durant sa récente visite dans la région». Dans sa réaction, le gouvernement marocain a qualifié les propos de Ban Ki-moon d'«inappropriés politiquement, inédits dans les annales de ses prédécesseurs et contraires aux résolutions du Conseil de sécurité». Le Maroc qui refuse d'appliquer une résolution de l'ONU concernant l'organisation d'un référendum d'autodétermination, s'indigne contre l'utilisation du terme «occupation» par Ban Ki-moon, en évoquant le Sahara occidental. Le gouvernement marocain dit avoir constaté que Ban Ki-moon «s'est départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité, affichant ouvertement une indulgence coupable avec un Etat fantoche, dépourvu de tous les attributs, sans territoire, ni population, ni drapeau reconnu». Le Maroc qui bloque le processus onusien de résolution du conflit s'affole en réalité contre son isolement diplomatique. N'étant plus membre de l'Union africaine, ayant suspendu ses accords avec l'Union européenne, il ne lui reste qu'à troubler ses relations avec l'ONU, déjà dégradées en raison de son entêtement à défier la communauté internationale. Le Maroc qui craint le rapport sur le Sahara occidental que présentera Ban Ki-moon au Conseil de sécurité de l'ONU le mois d'avril n'a pas réussi à imposer son agenda au premier responsable onusien. Ce qui justifie sa frayeur en regrettant que Ban Ki-moon «ait cédé au chantage des autres parties en procédant à des faits accomplis, en violation des engagements et des garanties données au Maroc par ses plus proches collaborateurs, de s'opposer à toute manipulation de ses déplacements». Ici, le Maroc cible ouvertement l'Algérie, en l'accusant d'avoir manipulé le SG de l'ONU. «Le secrétaire général s'est malheureusement laissé instrumentaliser pour donner crédit à des prétentions fallacieuses des autres parties», souligne le gouvernement marocain dans son communiqué. Le même gouvernement qui dresse tous les obstacles du monde pour empêcher la Minurso d'élargir son travail à l'observation de la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés ose quand même parler des droits de l'homme dans les camps des réfugiés de Tindouf. Au moment où il occupe une partie du Sahara occidental (une autre partie est libérée), le makhzen évoque une séquestration des réfugiés dans les camps de Tindouf. Le gouvernement marocain rumine de nouveau l'ancienne nouvelle chanson de détournement de l'aide humanitaire internationale destinée aux populations de ces camps que le président du Croissant-Rouge sahraoui a formellement démenti, précisant que «ces aides sont gérées dans une transparence totale».