L'Union européenne (UE) a exprimé ses «préoccupations» à l'égard de la situation des droits de l'homme au Maroc, notamment dans le domaine de la liberté d'expression et de la presse, la liberté d'association et de réunion ainsi que la détention dans les prisons. «L'UE exprime ses préoccupations au sujet des questions relatives aux droits de l'homme dans le cadre de notre dialogue politique régulier avec les autorités marocaines, et en particulier dans le cadre du sous-comité des droits de l'homme, la démocratie et la gouvernance », a écrit la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, dans sa réponse samedi aux eurodéputés Juan Carlos Girauta Vidal et Javier Nart qui l'interpellaient sur l'expulsion du Maroc en septembre dernier de l'avocat espagnol Luis Mangrané Cuevas au moment où il s'apprêtait à se rendre dans les territoires sahraouis occupés. La haute représentante de l'UE aux affaires étrangères et la politique de sécurité a assuré, à ce titre, que l'Union «suit de près la situation des droits de l'homme au Maroc», notamment par le biais de sa délégation à Rabat qui est en contact permanent avec les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l'homme, le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) et la Délégation interministérielle des droits de l'homme (DID). «La question du respect de la liberté d'association et de réunion, la liberté d'expression et des conditions de détention dans les prisons marocaines sont régulièrement soulevées dans le cadre de notre dialogue politique, en particulier dans le cadre du sous-comité des droits de l'homme, la démocratie et la gouvernance », a-t-elle encore assuré dans sa réponse à ces eurodéputés qui dénonçaient la suspension par le gouvernement marocain des activités de l'ONG Human Rights Watch. Cette ONG expose, dans son rapport 2015 sur la situation des droits de l'homme au monde, un bilan effrayant sur la situation au Maroc en la matière. Ce document évoque l'existence de pratiques de la torture, de restrictions de liberté d'expression, de presse et de réunion, d'expulsions illégales de migrants, de discrimination, de l'exploitation des enfants ou encore du maintien de la peine de mort. La pratique des traitements cruels persiste dans les affaires pénales de droit commun, regrettent ces eurodéputés. Après s'être rendu au Maroc et au Sahara occidental en décembre 2013, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que «le système judiciaire marocain pénal repose largement sur les aveux en tant que principale source de preuve à conviction». D'après le document, cité par l'ONG Human Rights Watch, les plaintes reçues par le Groupe de travail indiquent l'utilisation de la torture par des agents de l'Etat pour obtenir des preuves ou des aveux pendant la phase initiale des interrogatoires. Les tribunaux et les procureurs «ne respectent» pas l'obligation d'ouvrir d'office une enquête lorsqu'il y a des motifs raisonnables de croire que des aveux avaient été obtenus par la torture et de mauvais traitements. «L'UE a régulièrement exprimé ses préoccupations au sujet de la situation des détenus dans les prisons marocaines», a encore affirmé Mogherini dans sa réponse à l'eurodéputée Barbara Matera au sujet des torture et autres formes d'abus au Maroc. La chef de la diplomatie européenne a fait savoir également que l'UE a demandé aux autorités marocaines de permettre aux ONG des droits de l'homme d'accéder aux centres de détention. Par ailleurs, l'UE s'est dite également «préoccupée» par la prolongation du conflit au Sahara occidental et ses conséquences sur la région, réitérant la position de l'Union en faveur «d'une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui garantisse l'autodétermination de la population du Sahara occidental conformément aux principes de la Charte des Nations unies».