L'affaire des prêcheurs qui squattent l'espace public à Béjaïa afin de «répandre la bonne parole» n'a pas laissé indifférente la société civile. Mercredi en fin d'après-midi, de nombreuses figures du mouvement associatif, des avocats, des représentants locaux de partis, des syndicalistes ainsi que des journalistes se sont réunis dans les locaux du Centre de documentation des droits de l'homme (CDDH) afin de débattre de cette «incursion» pour le moins équivoque et décider de la nature de la riposte à apporter. Les présents qui ont fait part de leur vive inquiétude ont soulevé à l'unanimité la question de savoir pourquoi les pouvoirs publics sont restés silencieux et ont observé un laxisme pour le moins «complice» vis-à-vis de ce groupe de prêcheurs. Les discussions ont débouché sur la nécessité d'interpeller le wali sur sa responsabilité à veiller sur la sécurité des citoyens, non sans rappeler la politique des deux poids et deux mesures des autorités à l'égard de l'occupation des espaces publics. «L'attitude des pouvoirs publics, excessivement indulgente à l'égard de ces prêcheurs dont la tenue renseigne sur la nature des idées qu'ils véhiculent, est d'autant plus inadmissible qu'il y a quelques semaines encore, des manifestants pacifiques ont été embarqués pour avoir tout simplement revendiqué une prise en charge réelle de leurs problèmes», relève un intervenant. La société civile qui a appelé la population de Béjaïa à rester «vigilante en toute circonstance et à ne pas répondre aux provocations, invite l'ensemble des citoyens à rester mobilisés pour éviter tout dérapage». Enfin, signalons qu'une source de la direction des affaires religieuses a confié sous le sceau de l'anonymat au Temps d'Algérie que «ce groupe de prêcheurs qui prône un Islam conforme au rite malékite, quittera la ville au plus tard vendredi».