Les commerçants de la ville côtière de Tigzirt, au nord de Tizi Ouzou, ne décolèrent pas. Bien au contraire, leur ire va crescendo. Après avoir organisé deux journée de grève qui ont totalement paralysé toute activité dans cette ville côtière tant prisée par les vacanciers durant la saison estivale pour les moments de répit qu'elle offre, dont la dernière observée lundi et qui s'est ponctuée par l'organisation d'un sit-in des protestataires devant le siège de la daïra, voilà qu'ils décident de passer la vitesse supérieure en appelant à un autre mouvement de protestation. Ce nouveau mouvement s'inscrit dans la continuité, d'autant que ces derniers avaient menacé de passer à des actions plus radicales si leurs revendications ne sont pas prises en charge. Chose faite donc depuis l'assemblée générale organisée lundi au centre culturel de la ville. A l'issue de cette réunion d'évaluation, les commerçants ont opté à l'unanimité pour la radicalisation de leur mouvement qui prend l'air d'un véritable bras de fer avec les autorités. En effet, à l'issue de cette réunion, les commerçants ont tranché à l'unanimité en faveur d'un autre mouvement de grève de trois jours pour les 17, 18 et 19 juin. Cette décision, qui était plutôt attendue, est le résultat logique du silence radio qu'observent les pouvoirs publics à l'égard de leurs doléances. Selon une source proche des protestataires, le chef de daïra aurait avoué son impuissance face à certaines revendications, en particulier celle relative à la réouverture de la RN24 fermée à la circulation pendant 16 ans au niveau de Mazer, dans la commune de Mizrana. Cette fermeture a, selon les commerçants, eu des conséquences insupportables sur l'économie locale. La proximité de la ville de Tigzirt de sa sœur jumelle, Dellys, d'autant que les deux villes côtières abritent deux importants ports de pêche, peut contribuer grandement à une relance des échanges économiques entre les deux villes.Mais cette fermeture, décidée pour des raisons sécuritaires - le vaste massif forestier de Mizrana que traverse la RN24 a toujours été une importante base arrière des groupes terroristes armés - a donné un coup fatal à toute activité. Les échanges sont depuis réduis à leur expression la plus simple. Résultat : c'est toute l'activité économique qui se retrouve groggy. Le problème récurrent de l'alimentation de la ville par le réseau d'eau potable se pose à la veille de chaque saison estivale qui attire des centaines de milliers d'estivants. Ces derniers vivent une vraie désillusion à cause des pénuries qui sont légion. Nombreux sont ceux qui quittent la coquette ville balnéaire à cause du manque d'eau. Aussi, les protestataires exigent le raccordement de la ville au gaz naturel, un projet qui s'éternise. Son raccordement à partir de Dellys s'est avéré impossible pour les raisons citées plus haut. Il est aujourd'hui question de le faire à partir de Makouda ou de Boudjima. Mais là encore, on évoque des problèmes d'ordre technique liés à la topographie de la région. Une autre revendication est aussi mise en avant. Elle est liée à l'épineuse question des impôts qui revient tel un leitmotiv. Les commerçants des zones côtières, donc touristiques, disent qu'ils ne sont pas soumis au même barème d'imposition que les autres régions du pays. Des villes côtières de la wilaya de Tizi Ouzou, comme Tigzirt et Azeffoun, ne vivent que de ça. Les multiples manques qui caractérisent ces régions ne sont pas de nature à booster le tourisme. En dehors de la saison estivale, elles tombent dans une incroyable léthargie.