La colère des commerçants de la ville balnéaire de Tigzirt ne cesse d'aller crescendo, et tout porte à croire qu'elle n'est pas près de s'estomper de sitôt. Hier, elle est montée de plusieurs crans. Alors que la grève générale de trois jours a été annoncée depuis plusieurs jours, voilà que les protestataires passent la vitesse supérieure en procédant à la fermeture de deux édifices mitoyens, les sièges de la daïra et de la commune de la ville. Cette fermeture se veut une action d'accompagnement du mouvement de débrayage. La tension était à son comble. En effet, les commerçant de la daïra de Tigzirt ne comptent guère lâcher prise. Après les deux grèves générales observées le 25 mai et le 1er juin pour exiger la réouverture de la RN 24, la révision du barème des impôts, le raccordement de la ville au réseau de gaz naturel et le règlement du problème de manque d'eau ainsi que la levée des barricades de police au centre-ville qui bloquent l'artère principale de 18 h jusqu'au matin, les commerçants reviennent encore une fois à la charge, en optant, cette fois-ci, pour une grève de trois journées consécutives. Le mouvement qui a été enclenché hier se poursuivra aujourd'hui et demain. Depuis hier matin donc, la ville est paralysée. Tous les commerces ont baissé rideau et le suivi a été total. Rien n'a fonctionné. Les habitants de cette ville côtière ont été obligés de faire leurs emplettes pour trois jours durant la journée d'avant-hier. Mais ce qui se dégage de cette grève, c'est le soutien que lui apportent les habitants.«Nous avons interpellé à maintes reprises toutes les autorités compétentes de notre pays, d'abord le maire et le chef de daïra de Tigzirt, le wali de Tizi Ouzou, le ministère de l'intérieur, le ministère de la défense nationale et enfin le président de la république, mais pour le moment, rien n'est fait malheureusement. Nos revendications sont amplement légitimes et notre mouvement de protestation pacifique s'inscrit dans la durée. Il se poursuivra cycliquement jusqu'à la satisfaction entière de nos revendications» nous a déclaré un membre actif de l'association des commerçants de la daïra de Tigzirt joint hier à cet effet. Notons que le 1er juin dernier, une délégation a été reçue par le chef de daïra de Tigzirt à l'issue d'un sit-in observé par la population locale ce jour-là. A l'issue de cette rencontre, les choses n'ont pas avancé d'un iota. Le chef de daïra aurait avoué son impuissance devant certaines revendications qui dépassent ses prérogatives, notamment la réouverture de la RN 24, qui constitue le point le plus important et le cheval de bataille de ce mouvement protestataire. «Nous sommes optimistes car nous nous ne demandons pas l'impossible», ajoutera notre interlocuteur. Nous avons appris aussi qu'à ce propos, une pétition est lancée. 48 h après, plus de 10 000 signatures ont été recueillies. Pour le problème des impôts, les commerçants de Tigzirt ont proposé d'être alignés sur le régime forfaitaire.