Une semaine après son discours novateur prônant une nouvelle approche dans le traitement du conflit israélo-palestinien assorti de «pressions» sur Israël, le président américain Barack Obama réinvestit de nouveau la scène du Proche-Orient en y déléguant son émissaire George Mitchell. La mission de ce dernier consiste à convaincre Israéliens et Palestiniens à s'asseoir autour d'une table pour «entamer rapidement» le processus de négociations en vue de conclure tout aussi rapidement un accord ouvrant la voie à la création, aux côtés d'Israël, d'un Etat palestinien libre et indépendant. Selon les agences de presse, l'envoyé spécial américain a de nouveau réaffirmé aux dirigeants israéliens la «haute qualité» des relations américano-israéliennes, tout en leur signifiant néanmoins la nécessité de mettre un terme à toute forme de colonisation en Palestine. Dans cet ordre d'idées, Obama avait déclaré à partir du Caire que «Le temps était venu pour que cette colonisation cesse (…), que beaucoup de Palestiniens vivent, au quotidien, l'humiliation dans des camps de réfugiés». Et d'affirmer que son pays ne «tournera pas le dos aux droits naturels et légitimes du peuple palestinien». Ces propos et d'autres avaient refroidi l'establishment israélien, instaurant une atmosphère glaciale au sein de l'exécutif hébreu qui craint, relèvent les observateurs, que le parapluie américain ne soit plus aussi efficace qu'auparavant pour les protéger, en toutes circonstances, quels que soient les dépassements dont ils sont coupables et coutumiers. Pour la première fois, la Maison-Blanche dénonce ouvertement l'intransigeance israélienne à se soumettre à l'application du droit et par extension, même si c'est un non-dit, à se conformer à l'application de la légalité internationale. En l'état actuel des choses, les Israéliens n'entendent cependant rien céder sur l'essentiel et favorisent l'enlisement. Ils jouent à la course contre la montre en retardant au maximum une éventuelle reprise des négociations pour permettre au fort lobby juif aux Etats-Unis et en Europe de faire le nécessaire et saper la détermination qu'affiche actuellement Obama. Faisant dans le mensonge le plus abject, Israël a, par ailleurs, soutenu que les Etats-Unis étaient tenus par des accords favorables à l'extension des colonies juives en Palestine accusant du même coup Obama de ne pas respecter les engagements de son prédécesseur. Tel Aviv désavouée par Hillary Clinton La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait promptement dénoncé ces affirmations peu orthodoxes usant d'un langage diplomatique de circonstance pour dire «qu'il n'en existe aucune trace officielle», alors que la grande presse internationale n'en a pratiquement jamais fait état. Dernière sortie en date, Netanyahu vient d'annoncer qu'il planche sur un discours qu'il devrait prononcer prochainement pour exposer un plan qualifié «pour la paix et la sécurité», bien qu'il demeure farouchement hostile au rétablissement des droits historiques des Palestiniens. Pourtant, tout a été dit par Obama au Caire à travers son soutien, clairement exprimé, à la création d'un Etat palestinien et l'exigence de la fin de la colonisation des territoires. Les propos du Président américain avaient été, de plus, favorablement accueillis dans les différentes sphères politico-médiatiques, notamment européennes réputées favorables à Israël. Légitimement, les Palestiniens, de leur côté, ne veulent plus entendre parler de négociations tant que l'exécutif israélien n'aura pas admis leur droit à un Etat libre et indépendant et décidé l'arrêt de la colonisation tant en Cisjordanie autour de la bande de Ghaza qu'à El Qods. Les responsables palestiniens l'ont de nouveau répété à l'émissaire américain qu'ils ont reçu à Ramallah et souhaité que les belles déclarations du Président américain trouvent au plus tôt leur application sur le terrain. C'est dire que la tâche de George Mitchell demeure à l'évidence bien difficile compte tenu de l'entêtement du Premier ministre hébreu à s'inscrire dans une perspective de paix. Mais il est désormais établi que les Etats-Unis disposent de tous les moyens de persuasion pour faire pression sur Israël et lui imposer la marche à suivre dans l'intérêt, Palestine compris, de tous les pays de la région. Reste à l'administration de la Maison-Blanche d'en faire bon usage.