L'activité des pharmaciens est menacée. Ces derniers risquent de mettre la clef sous le paillasson, car la rentabilité de leur activité est «très faible». A cet effet, ils appellent, par la voix du président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, à la mise en place d'un nouveau barème résultant d'une vraie politique de rationalisation. En réalité, ce sont deux arrêtés adoptés le 10 janvier, celui fixant la liste des médicaments remboursables par la sécurité sociale et celui fixant les tarifs de référence servant de base au remboursement des médicaments et les modalités de leur mise en œuvre, publiés le 24 février, qui ont motivé la démarche du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens qui dénonce l'amenuisement de la marge bénéficiaire des officines pharmaceutiques, classées parmi les moins importantes au monde. «La marge bénéficiaire des pharmaciens d'officine est de 17% sur le prix de vente alors que celle des pharmaciens des pays voisins, notamment le Maroc et la Tunisie, dépasse les 30%», a précisé jeudi Benahmed lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale. Il a expliqué qu'il y avait 138 produits qui ont un nouveau tarif de référence, 87 ont gardé leurs anciens tarifs, alors que 51 ont bénéficié de nouveaux tarifs de référence. L'intervenant a également signalé que plus de 30 produits ont été déremboursés. Ce qui est déploré par les pharmaciens, c'est une politique de rationalisation des dépenses de la Sécurité sociale qui se fait, selon eux, à leurs dépens et qui menace leur activité. Pour régler cette question, l'invité a plaidé en faveur d'une approche globale. Il a ainsi proposé de rationaliser autant l'investissement dans le secteur de la production de médicaments que l'enregistrement et le remboursement. «Il faut un système qui intégrerait l'ensemble des partenaires de la chaîne du médicament», a-t-il souligné. L'objectif de l'Etat de maîtriser les dépenses pour certains produits pharmaceutiques, notamment ceux dits de confort, devrait, selon lui, tendre également à assurer leur qualité, leur traçabilité et, en même temps, les marges de rémunération des différents acteurs du médicament. L'on peut comprendre de ces propos que les pharmaciens revendiquent un rehaussement de leur marge bénéficiaire au risque de les voir cesser leur activité dont la rentabilité est devenue très réduite. Ainsi, 30 à 40% sur les 9000 pharmaciens en activité à travers le territoire national sont «en difficultés», avec des conséquences sur la qualité de leurs services, le rôle qu'ils peuvent jouer en matière de santé publique. L'intervenant a également indiqué que cette fragilité dans laquelle baigne son secteur est l'un des facteurs qui expliquent l'expansion du commerce illicite des médicaments. Concernant les médicaments déremboursés qui risquent d'être remplacés par n'importe quel autre produit, le même responsable a mis l'accent sur la nécessité de sensibiliser les concitoyens afin qu'ils ne tombent dans le panneau des «herboristes charlatans». «Vu leur cherté, ces produits risquent d'être remplacés par n'importe quoi. Il faut leur faire de la publicité afin qu'ils soient consommés au lieu d'être boycottés», a conclu Benbahmed.