�L�industrie et le march� du m�dicament en Alg�rie sont dans un �tat de d�rive g�n�rale. Les prix administr�s aux m�dicaments, la place du g�n�rique dans les ventes, la politique de remboursement, la production nationale, les tarifs de r�f�rence et les marges b�n�ficiaires accord�es aux pharmaciens, sont autant de questions qui connaissent actuellement un dysfonctionnement alarmant et susceptible de mener le secteur � une impasse et une clochardisation sans doute de tout le march� du m�dicament. � Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - C�est en conclusion ce qui ressort de la conf�rence anim�e hier au forum El Moudjahid par le vice-pr�sident du Conseil national de l�ordre des pharmaciens (CNOP), le Dr Lotfi Benbahmed, �galement charg� de la distribution. Vaut mieux tard que jamais, le CNOP a finalement d�cid� de rompre le silence et de d�voiler � l�opinion publique la mauvaise gestion et notamment les mauvaises d�cisions qui r�gissent le secteur du m�dicament. Le conf�rencier d�plore sa mise � l��cart par le minist�re de la Sant� et de la R�forme hospitali�re dans l��laboration du projet de l�arr�t� interminist�riel fixant la liste des tarifs de r�f�rence ainsi que le projet de d�cret fixant les marges b�n�ficiaires. Les deux moutures, si elles sont appliqu�es, affirme M. Benbahmed, �vont conduire le secteur du m�dicament � la d�rive et � la faillite�. Alors que les nouveaux tarifs de r�f�rence devaient intervenir sur la base des g�n�riques qui se substituent aux princeps, ceux-l� sont introduits dans le projet du MSRH selon la classe th�rapeutique. Ce qui veut explicitement dire que le pharmacien ne pourra pas vendre les m�dicaments de substitution et sera contraint de p�naliser le patient ou lui imposera un produit cher et partiellement remboursable. In�vitablement, cette mesure aura un impact direct sur le choix des m�dicaments commercialis�s. �Les pharmaciens seront oblig�s de continuer � vendre des princeps et les g�n�riques import�s, car m�me sur ce plan, les marges b�n�ficiaires sont libres pour les m�dicaments import�s et sont administr�s pour la production locale�, atteste le conf�rencier qui exige, � cet effet, la r�vision des marges b�n�ficiaires en prenant en consid�ration les propositions du CNOP. �Les marges propos�es dans la nouvelle loi sont incoh�rentes. Elles sont de 19% sur le prix d�achat soit 15.9% sur le prix de vente, avec des charges minimis�es � 10%�. Avec cette r��valuation, les revenus des pharmacies enregistreront une baisse de 26,25%, ajout�e, en toute �vidence � la baisse du chiffre d�affaires de ces officines en raison de la r�duction de la liste des m�dicaments commercialis�s. L�Etat croit pouvoir baisser l�enveloppe du m�dicament, mais ne sait pas que cette politique va avoir un impact n�gatif sur la disponibilit� du m�dicament �, avertit M. Benbahmed, signalant que la baisse des marges b�n�ficiaires pour la production locale va �galement se r�percuter sur le march� du g�n�rique que l�Etat veut d�velopper. Faut-il le pr�ciser, la production locale est �valu�e � 30% du march� avec un taux de production en g�n�rique de 96%. Un v�ritable probl�me de disponibilit� et d�accessibilit� au m�dicament va se poser, selon l�orateur, dans les prochains mois en Alg�rie. Une fen�tre sera ainsi ouverte, en raison du manque de transparence des politiques publiques en la mati�re, � la sp�culation, au trafic et � la contrefa�on. En fragilisant les marges b�n�ficiaires, les officines seront pouss�es � vendre des produits sans ordonnances et vendre les psychotropes. Les m�dicaments import�s par l�Alg�rie vendus dans les march�s de Oujda Cela �quivaut �galement � encourager le d�tournement des m�dicaments import�s par l�Alg�rie vers le pays voisin qui est le Maroc. Le vice-pr�sident du CNOP a, en effet, d�voil� hier l�existence d�un important r�seau de d�tournement � l�ouest du pays. �L�Alg�rie importe des m�dicaments par ses cercles officiels mais qui ne sont pas commercialis�s localement. Ces m�dicaments se vendent dans les march�s du Maroc, � Oujda exactement, � des prix trois fois moins chers que ceux appliqu�s par nos officines�, a-t-il d�clar�. La d�faillance du syst�me de s�curit� sociale au Maroc o� le remboursement du m�dicament n�est pas g�n�ralis� a incit� les commer�ants � trouver des alternatives, comme celle d�acheter en entier certains produits commercialis�s par les officines de l�Ouest du pays, notamment Maghnia et Tlemcen. C�est ainsi, souligne le conf�rencier, que les r�seaux ont �t� cr��s avec la complicit� des importateurs alg�riens et parfois des fournisseurs�. R. M. Des sp�cialistes pour des laboratoires d�analyses ? Le Conseil national de l�ordre des pharmaciens a d�nonc� la d�cision prise par le minist�re de la Sant� d�accorder l�agr�ment d�ouverture des laboratoires d�analyses m�dicales � des mono sp�cialistes. �Nous faisons face � un v�ritable probl�me de sant� publique. C�est une d�rive dangereuse qu�il faut �viter�, a signal� M. Benbahmed. Ce dernier attire l�attention des pouvoirs publics sur les cons�quences de l�ex�cution d�une telle d�cision. �C�est comme si on demandait � un p�diatre d�ouvrir un cabinet d�ophtalmologie�, illustre-t-il, en qualifiant de scandaleux cet arr�t� minist�riel.