Plus de cent cinquante chefs d'établissements scolaires en retraite sont menacés d'expulsion par les services de la wilaya, avons-nous appris. Ces anciens proviseurs et directeurs d'établissements scolaires qui ont voué toute leur vie à l'éducation se voient ainsi remerciés d'une manière, pour le moins qu'on puisse dire, humiliante. «Nous avons consacré toute notre vie à l'éducation nationale et voilà comment on nous remercie», regrette cette ancienne directrice de CEM. Pour notre interlocutrice, traduite en justice par les services de la wilaya pour expulsion du logement d'astreinte qu'elle occupe, les services du wali Zoukh «n'ont rien à voir avec cette affaire». «Ce sont des logements d'astreinte qui sont la propriété du ministère de l'Education et non de la wilaya. Il est vrai que le wali peut être mandaté pour ce genre de mission, mais ce serait pour trouver une solution juste et honorable. Pourquoi le ministère de l'Education a-t-il ignoré ce problème pendant une décennie et nous tient-il pour responsables de la négligence des précédents fonctionnaires chargés de faire appliquer la loi ? » s'interroge notre interlocutrice. Notre vis-à-vis précise qu'un «flou juridique» entoure ces logements d'astreinte de l'éducation nationale, mais que tous nos prédécesseurs ont été relogés automatiquement. «Auparavant, 140 logements étaient accordés au secteur de l'éducation nationale par le ministère de l'Habitat afin de reloger les retraités. Cette situation a été apurée jusqu'à 2001. En 2003, et suite au tremblement de terre qui a endeuillé des milliers de familles à Boumerdès et Alger, les logements destinés au secteur de l'éducation ont été attribués aux sinistrés. En 2005, des circulaires ont commencé à être envoyées aux retraités occupant des logements d'astreinte afin de quitter les lieux mais sans la moindre compensation. Où voulez-vous qu'ils aillent ?» s'emporte notre interlocutrice. Pour elle, il y a forcément anguille sous roche. «Pourquoi sont-ce uniquement les logements d'astreinte au niveau de la wilaya d'Alger qui sont visés par ces tentatives d'expulsion alors que ce problème existe à l'échelle nationale ? Pour quelles raisons la loi de 1981 qui permettait aux anciens directeurs de l'éducation nationale d'acheter leur logement (et qui a profité à quelques-uns) a-t-elle été abrogée ? » s'interroge cette ancienne directrice avant de révéler que le droit d'acquérir le logement d'astreinte par les retraités a été rétabli dans la nouvelle constitution. «Ces logements de la capitale sont très convoités. C'est pour cette raison qu'ils veulent nous mettre dehors afin de les racheter, par la suite, à au dinar symbolique», conclut notre interlocutrice.