Ali Benflis estime que la liberté de la presse en Algérie est en recul constant et n'est tolérée que lorsqu'elle sert les intérêts du régime en place. «La liberté de la presse dans notre pays apparaît pour ce qu'elle est : une liberté en recul constant, une liberté refrénée et réprimée dès lors qu'elle contrevient aux intérêts exclusifs du régime politique en place», écrit le président de Talaie El Houriyet, dans une déclaration rendue publique hier à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année. Mais, regrette Benflis, cette liberté «n'est tolérable ou acceptable à ce même régime politique que dans la stricte mesure où elle fait acte d'allégeance et reste dans les limites qu'il pose et circonscrit lui-même». Le constat est sans appel. L'ex-candidat malheureux à la présidentielle d'avril 2014 pense que la liberté de la presse en Algérie, comme «la prétendue» ouverture du champ audiovisuel «ne servent que de devanture à un régime politique de nature authentiquement totalitaire qui n'admet aucune contestation de ses diktats et n'accepte aucune remise en cause de ses faits accomplis». A travers ce traitement, le pouvoir, accuse encore Ali Benflis, cherche «à imposer son hégémonie à tous les segments de la voie politique, médiatique, économique et sociale. Il en veut pour preuve l'affaire El Khabar. Un dossier dans lequel le président de Talaie El Houriyet apporte un franc soutien au média racheté par Ness-Prod, une filiale du groupe Cevital de l'homme d'affaires Issad Rebrab, et que le ministère de la Communication conteste et veut annuler pour «violation de lois». «Ce que le quotidien El Khabar est contraint de subir relève du déni de droit, de l'abus de pouvoir et de la répression de l'opinion contraire», assène Benflis, dénonçant un pouvoir politique qui «n'hésite ni se retient de fouler au pied ses propres lois, d'outrepasser ses prérogatives et de commettre un véritable abus de pouvoir dès lors qu'il s'agit de médias auxquels il accole le crime suprême à ses yeux, le crime de non allégeance». Enfin, la situation restera en l'état actuel, regrette l'ancien chef de gouvernement, «aussi longtemps que durera le régime totalitaire qui sévit dans notre». Et c'est ainsi que «sera différé l'avènement de l'Etat de droit», conclut la déclaration.